[Émirats arabes unis] Les �mirats arabes unis

�mirats arabes unis

Al Imarat al � Arabiyah al Muttahidah

 
Capitale: Abou Dhabi
Population:  2,4 millions (2003)
Langue officielle:  arabe classique
Groupe majoritaire: aucun
Groupes minoritaires: arabe du Golfe (37,4 %), malayalam (11,4 %), t�lougou (4,9 %), baloutchi (4 %), pashtou de l'Est (4 %), arabe hijazi (3,9 %), bengali (3,5 %), arabe omanais (3,2 %), farsi de l'Ouest (3,2 %), filipino (3,2 %), arabe �gyptien (3,1 %), arabe leventin du Sud (2,7 %), arabe leventin du Sud (2,6 %), pendjabi de l'Est (2,1 %), pachtou du Sud (1,5 %), arabe leventin du Nord (1,3 %), cinghalais (1,3 %), sindhi (1,1 %), arabe standard (1,1 %), somali (1 %), arabe soudanais (0,8 %), arabe taizzi-adeni (0,6 %), arabe libyen (0,4 %), arabe m�sopotamien (0,3 %), anglais (0,2 %), etc.
Syst�me politique: f�d�ration de sept �mirats (Abou Dabi, Ajman, Charjah, Doubai, Fuja�rah, Ras el Kha�mah et Oumm al Qa�wa�n)
.
Articles constitutionnels (langue):
art. 6 et 7 de la Constitution du 2 d�cembre 1971
Lois linguistiques:
Charte de la langue arabe

1 Situation g�n�rale

Les �mirats arabes unis forment une f�d�ration de sept �mirats situ�e sur la c�te orientale de la p�ninsule Arabique; ces �mirats sont Abou Dhabi, Duba�, Sharjah, Ajman, Umm al-Qa�wain, Fuja�rah et Ras al-Kha�mah (voir la carte). Le territoire des �mirats est d�limit� au nord par le Qatar et le golfe Persique, � l'est par le golfe d'Oman et l'�tat du m�me nom, au sud et � l'ouest par l'Arabie saoudite.

La superficie des �mirats arabes unis est de 83 600 km� (ou l'�quivalant de l'Autriche; France: 547 030 km�). Les sept �mirats sont Abou Dabi (Abu Dhabi), Ajman, Charjah (Sharjah), Doubai (Duba�), Fuja�rah, Ras el Kha�mah et Oumm al Qa�wa�n (Um al Kwain). Les �mirats arabes unis font partie de la Ligue arabe.

Les �mirats se r�partissent in�galement suivant les �tats : Abou Dhabi, avec 67 600 km�, est cinq fois plus �tendu que les six autres �mirats r�unis. Duba�, le deuxi�me �mirat en taille, ne compte que 3840 km�, tandis que le plus petit, Ajman, ne s'�tend que sur 250 km�. De plus, l'�mirat de Sharjah, d'Ajman, de Ras al-Kha�mah et de Fuja�rah sont territorialement fragment�s.

La ville d'Abou Dhabi, capitale des �mirats avec 500 000 habitants, abrite le gouvernement f�d�ral et met en �uvre la politique ext�rieure, la d�fense et l'enseignement des sept �mirats.

C'est la seule f�d�ration du monde arabe. Chaque �mirat est gouvern� par un �mir dont le pouvoir est h�r�ditaire et absolu. Les sept �mirs forment le Conseil supr�me, qui constitue la plus haute instance du gouvernement f�d�ral. Le Conseil proc�de � l'�lection d'un pr�sident et d'un vice-pr�sident parmi ses membres.

Les �mirats arabes unis constituent l'une des zones les plus riches du monde, poss�dant le plus haut revenu par habitant. Leur �conomie repose tout enti�re sur l'exploitation des hydrocarbures.

Dans certains milieux journalistiques, on utilise parfois la forme abr�g�e �les �mirats� (avec une minuscule initiale). Dans ce cas, la d�nomination sert � d�signer l'ensemble des �tats de la p�ninsule Arabique: les �AU, mais aussi le Kowe�t, le Qatar, Bahre�n et m�me le sultanat d'Oman.

2 Donn�es d�molinguistiques

La population de la f�d�ration �tait estim�e en 2003 � 2 445 651 habitants. Les �miriens sont concentr�s dans les villes c�ti�res ou dans les oasis � l'int�rieur des terres. Les �mirats arabes unis rassemblent une population assez h�t�roclite en raison du grand nombre de travailleurs �trangers, � un point tel que les populations indig�nes (les �natifs�: Arabes du Golfe, Arabes b�douins et Arabes shihh) ont �t� minoris�es par les Indo-Pakistanais et les Indo-Iraniens; elles ne repr�sentent plus aujourd'hui que 37,6 % de la population totale. Les �trangers sont attir�s par le haut niveau des salaires offerts dans les �mirats. Seuls les �natifs� peuvent obtenir la nationalit� du pays.

2.1 Les ethnies

Moins de 60 % des habitants sont maintenant des Arabes de toutes origines, contre 24,2 % d'Indo-Pakistanais, 11 % d'Indo-Iraniens, 0,8 % d'Occidentaux (incluant les Europ�ens, les Am�ricains et les Canadiens) et 4,7 % d'Africains, de Philippins, de Malais, de Japonais, de Turcs et de Chinois.   

Arabes
(57,2 %)
Indo-Pakistanais
(24,2 %)
Indo-Iraniens
(11 %)
Europ�ens
(0, 8 %)
Autres
(
4,7 %)
Arabes du Golfe,
Arabes b�douins
Arabes shihh
Arabes saoudiens
Arabes omanais
Arabes �gyptiens
Arabes jordaniens
Arabes palestiniens
Arabes libanais
Arabes syriens
Arabes soudanais
Arabes y�m�nites
Tsiganes nawari
Arabes irakiens
Malayali
T�lougous
Bengladeshis
Pandjabi
Cinghalais
Sindhi
Ourdous
 
Baloutches
Pachtouns
Iraniens
Am�ricains
Canadiens
Allemands
Hollandais
Italiens
Fran�ais
Norv�gien
Su�dois
Grecs
Polonais
Serbes
Croates
 
Philippins
Somalis
Noirs d'Afrique
Malais
Japonais
Turcs
Chinois
 

Outre les populations natives des �mirats, les travailleurs arabophones proviennent de l'Arabie Saoudite, d'Oman, d'�gypte, de Jordanie, de Palestine, du Liban, de Syrie, du Soudan, du Y�men et de l'Irak. Les Indo-Pakistanais constituent le second groupe en importance (24,7 %) avec les Malayali et les T�lougous du sud de l'Inde, puis les Bengladeshis (Bangladesh), les Panjabis (Inde), les Cinghalais (Sri Lanka), les Sindhi (Pakistan) et les Ourdous (Pakistan). Le troisi�me groupe, celui des Indo-Iraniens, est flou parce qu'il regroupe des ethnies provenant aussi bien du Pakistan que de l'Afghanistan et de l'Iran, mais leur point commun est qu'ils sont des Iraniens de culture, non des Indiens. Le quatri�me groupe concerne les Occidentaux (Europ�ens, Am�ricains et Canadiens): ce sont des travailleurs hyper-sp�cialis�s dans l'industrie p�trochimique. Les Nord-Am�ricains (incluant les Canadiens anglophones et francophones) sont pr�sents en affaires depuis des d�cennies, d'abord dans le domaine du p�trole et du gaz, puis leurs activit�s se sont �largies pour englober les domaines du g�nie, de l'architecture, de l'�ducation, des soins m�dicaux ainsi qu'une vaste gamme de services commerciaux.

Le pays abrite aussi d'autres travailleurs asiatiques, africains, etc. La population urbaine dans les �mirats repr�sente 85 % de la population totale. Plus de 95 % de la population est musulmane sunnite de rite kharijite, le reste de la population �tant chiite; les autres sont chr�tiens.

2.2 Les langues

La langue officielle des �mirats est l'arabe classique, qui sert aussi de langue v�hiculaire entre tous les arabophones. Toutes les autres ethnies utilisent plut�t l'anglais comme langue v�hiculaire. Aucune langue maternelle particuli�re n'est majoritaire dans les �mirats, m�me pas une vari�t� d'arabe, mais l'ensemble des arabophones constituent une sorte de majorit� de langue, de culture et de religion. Pr�s de 60 % de la population parle l'une des nombreuses vari�t�s d'arabe: arabe du Golfe, arabe shihh, saoudien, omanais, �gyptien, jordanien, palestinien, libanais, syrien, soudanais, y�m�nite, irakien. Toutes les vari�t�s d'arabe appartiennent su groupe s�mite de la famille chamito-s�mitique (ou afro-asiatique).

Ethnie Langue maternelle Affiliation linguistique Population %
Arabes du Golfe arabe du Golfe langue s�mitique 750 000 30,6 %
Malayali malayalam langue dravidienne 280 000 11,4 %
B�douins arabe du Golfe langue s�mitique 167 000 6,8 %
T�lougous t�lougou langue dravidienne 120 000 4,9 %
Baloutches du Sud baloutchi langue indo-iranienne 100 000 4,0 %
Pachtouns de l'Est pachtou de l'Est langue indo-iranienne 100 000 4,0 %
Arabes saoudiens arabe hijazi langue s�mitique 97 565 3,9 %
Bengali bengali langue indo-iranienne 89 000 3,6 %
Arabes omanais arabe omanais langue s�mitique 80 000 3,2 %
Iraniens (Perses) farsi de l'Ouest langue indo-iranienne 80 000 3,2 %
Philippins filipino (tagalog) langue austron�sienne 80 000 3,2 %
Arabes �gyptiens arabe �gyptien langue s�mitique 75 000 3,0 %
Arabes jordaniens arabe leventin du Sud langue s�mitique 67 147 2,7 %
Arabes palestiniens arabe leventin du Sud langue s�mitique 64 393 2,6 %
Panjabis pendjabi de l'Est langue indo-iranienne 53 000 2,1 %
Pachtouns du Sud pachtou du Sud langue indo-iranienne 38 100 1,5 %
Arabes libanais arabe leventin du Nord langue s�mitique 33 574 1,3 %
Cinghalais cinghalais langue indo-iranienne 32 000 1,3 %
Sindhi sindhi langue indo-iranienne 27 000 1,1 %
Arabes syriens arabe standard langue s�mitique 26 859 1,1 %
Somalis somali langue s�mitique 25 000 1,0 %
Arabes soudanais arabe soudanais langue s�mitique 19 513 0, 8 %
Arabes y�m�nites arabe taizzi-adeni langue s�mitique 15 000 0, 6 %
Am�ricains anglais langue germanique 13 500 0,5 %
Tsiganes nawari arabe libyen langue s�mitique 12 000 0, 4 %
Arabes irakiens arabe m�sopotamien langue s�mitique   9 401 0, 3 %
Canadiens anglais langue germanique   6 000 0, 2 %
Noirs d'Afrique swahili langue bantoue   5 300 0, 2 %
Malais malais langue austron�sienne   5 300 0, 2 %
Ourdous ourdou langue indo-iranienne   5 300 0,2 %
Shihuh arabe shihhi langue s�mitique   5 000 0,2 %
Allemands allemand langue germanique   1 300 0,0 %
Japonais japonais langue japonaise   1 300 0,0 %
Hollandais n�erlandais langue germanique      785 0,0 %
Turcs turc langue alta�que      752 0,0 %
Italiens italien langue romane     400 0,0 %
Fran�ais fran�ais langue romane     250 0,0 %
Norv�gien bokm�l langue germanique     200 0,0 %
Su�dois su�dois langue germanique     113 0,0 %
Chinois chinois mandarin langue sino-tib�taine     100 0,0 %
Grecs grec langue grecque     100 0,0 %
Polonais polonais langue slave     100 0,0 %
Serbo-Croates serbo-croate langue slave     100 0,0 %
Total : 2 445 651
 

Les langues dravidiennes sont le malayalam (11,4 %) et le t�lougou (4,8 %). Les langues indo-iraniennes sont le baloutchi, bengali, pachtou, le farsi, le cinghalais, le sindhi et l'ourdou. L'hindi et l'ourdou ne forment en r�alit� qu�une seule et m�me langue, mais l�hindi s��crit avec l�alphabet d�van�gari et l�ourdou avec l�alphabet arabo-persan. Ce sont des raisons religieuses et politiques qui ont favoris� cette r�partition: les Pakistanais sont musulmans et voulaient se distinguer des Indiens � majorit� hindoue. Les diff�rences entre les deux langues ne sont pas seulement d'ordre graphique (alphabet devanagari pour l�hindi et alphabet arabo-persan pour l�ourdou), mais aussi d'ordre culturel. Elles refl�tent des divergences religieuses et politiques, dans la mesure o� l'ourdou est associ� � l'islam et l�hindi � l'hindouisme.

On compte aussi des langues austron�siennes (filipino et malais), germaniques (anglais, n�erlandais, allemand, norv�gien, su�dois), romanes (fran�ais, italien), slaves (polonais, serbe, croate), jusqu'� des langues alta�ques (turc), sino-tib�taines (chinois), japonaises (japonais) et bantoues (swahili). Aucune des langues non arabes n'a une chance quelconque de s'imposer, sauf l'anglais comme langue v�hiculaire.   

3 Br�ves donn�es historiques

D'apr�s les fouilles arch�ologiques, l'histoire de la r�gion remonterait vers 8000 avant notre �re. Des traces d'occupation ont �t� attest�es aux environs d'Abou Dhabi, de Ras al-Kha�mah et dans le d�sert pr�s de Al Ain. Cette r�gion �tait un carrefour commercial important entre la M�sopotamie, l'Iran, le Dilmun (aujourd'hui le Bahre�n ) et l'Inde. Plus tard, il y eut des contacts avec les Grecs, puis avec les Romains.

En 632, la population fut convertie � l'islam lors de l'invasion arabe, puis s'arabisa. Par la suite, son histoire se confond � celle de l'Empire arabo-musulman, notamment avec les califats d'Omeyyades de Damas et des Abbasside de Bagdad. Grands explorateurs, les Arabes de la r�gion sillonn�rent l'oc�an Indien et commerc�rent jusqu'au Vietnam et en Chine.  Mais, entre les XIIIe et XVIIe si�cles, la r�gion fut convoit�e par les Perses, les Ottomans et les Portugais, ces derniers occupant le d�troit d'Ormuz au XVIe si�cle. Portugais et Arabes se firent des guerres sanglantes, mais les Arabes r�ussirent � mettre les Portugais en d�route. La r�gion fut rapidement gouvern�e par des cheikhs qui s'affront�rent pour conserver le monopole sur la p�che des perles et la piraterie. Les Al Qassimi, une riche famille de Ras al-Kha�mah, r�ussit � s'affirmer davantage et prit le contr�le de la r�gion. Ils disposaient d'une puissante flotte d'une soixantaine de grands vaisseaux qui pouvait d�trousser tous les navires �trangers. Les Britanniques accus�rent les Al Qassimi de piraterie et se servirent de ce pr�texte pour prendre la contr�le de la r�gion appel�e �la c�te des Pirates�.

3.1 Le r�gime britannique

� partir de 1820, la �la c�te des Pirates� tomba sous la gouverne des Britanniques qui cherchaient � prot�ger leur fameuse �route des Indes�. Ils impos�rent aux Arabes le trait� de la Tr�ve et transform�rent la r�gion en protectorat britannique, appel� ��tats de la Tr�ve� (en anglais: "Trucial States"). Ce trait� quasi unilat�ral obligeait les �mirats, ainsi qu'� Bahre�n, au Qatar et au Kowe�t de n'entretenir aucune relation politique ou �conomique avec un autre pays que la Grande Bretagne... en �change de sa protection. Les guerres �tant termin�es, les populations c�ti�res reprirent leur p�che traditionnelle des perles fines; cette industrie resta florissante jusqu'en 1930. Ce ne fut qu'au d�but du XXe si�cle que quelques �coles arabes furent fond�es par des marchands de perle � Duba�, Abu Dhabi et Sharjah. Les �coles furent pourvues en personnel par des enseignants �trangers qui apprirent aux enfants la lecture, l'�criture et des �tudes islamiques, le tout en arabe classique.

Les �mirats entr�rent v�ritablement dans l'histoire des relations internationales lorsque la question des fronti�res avec leur voisin du nord, l'Arabie Saoudite, alors sous protection am�ricaine, fut pos�e en 1933. La d�limitation des fronti�res posait le probl�me de la r�partition des immenses r�serves p�troli�res progressivement mises � jour. Les crises �conomiques des ann�es trente forc�rent certaines �coles � fermer, mais quelques-unes ont fini par rouvrir au d�but des ann�es cinquante. Le premier gisement de p�trole dans les �mirats fut d�couvert en 1953, � Abou Dhabi. Les sept cheikhs subirent, d'une part, les pressions des Britanniques les invitant � leur accorder des concessions, et durent faire face, d'autre part, aux mutations d'une �conomie traditionnelle essentiellement fond�e sur la culture perli�re, entr�e en crise au cours des ann�es trente du fait de l'invention par le Japon des perles de culture. Le gouvernement britannique construisit des �coles � Abou Dhabi, Ras al-Kha�mah et Khawr Fakkan et m�me une �cole d'agriculture � Ras al-Kha�mah en 1955, puis une �cole technique � Sharjah en 1958.

L'exploitation des concessions p�troli�res d�buta apr�s la Seconde Guerre mondiale. En 1950, un conseil des �mirats fut cr�� sous les Britanniques qui c�d�rent le pays en 1968. Durant le r�gime britannique, l'anglais s'est install� dans l'Administration publique, mais n'atteignit jamais les populations locales.

3.2 La f�d�ration des �mirats arabes

La f�d�ration des �mirats arabes unis s'est form�e le 2 d�cembre 1971. L'article 7 de la Constitution (encore en vigueur) pr�voyait que l'arabe �tait la langue officielle de l'Union, mais l'anglais demeura toujours pr�sent dans la vie �conomique et les m�dias. L'article 17 de la Constitution �nonce que l'�ducation est fondamentale pour le progr�s de la soci�t� et doit �tre obligatoire et gratuite au niveau primaire et aux autres niveaux (secondaire et universitaire. De plus, les uniformes, les livres, l'�quipement et le transport furent d�clar�s �galement gratuits. Quelques enfants ont fr�quent� les �coles religieuses appel�es madrassa o� ils ont �t� instruits en arabe classique dans la lecture du Coran.

Les �mirats exploit�rent les hydrocarbures dont les revenus augment�rent jusqu'� la moiti� des ann�es quatre-vingt. Les �mirats arabes unis devinrent l'un des pays les plus riches du monde, mais aussi l'un des plus convoit�s. Le pays reste � la merci des conflits frontaliers, notamment avec l'Iran qui, en 1992, a annex� trois �les, situ�es dans le d�troit d'Ormuz, jusqu'ici co-administr�es avec le Sharjah et, dans une moindre mesure, avec l'Arabie Saoudite. En 1981, le Conseil de coop�ration du Golfe (CCG) r�unit l'Arabie Saoudite, Bahre�n, les �mirats arabes unis, le Kowe�t, Oman et le Qatar, soit 44 % des r�serves mondiales de p�trole. Il pr�nait la d�fense commune et l'int�gration �conomique de ces pays en une zone de libre-�change.

En 1996, le chef du gouvernement f�d�ral des �mirats refusa de recevoir le premier ministre iranien en raison de leur diff�rend, tout en maintenant des relations �conomiques. Le pays a souvent recherch� la protection d'�tats plus puissants, dans un cadre r�gional, en int�grant notamment, en 1981, le Conseil de coop�ration du Golfe, puis en signant des accords de d�fense et de coop�ration avec des puissances occidentales : la France, qui a vendu 436 chars Leclerc au gouvernement d'Abou Dhabi en 1993, la Grande-Bretagne (accords de d�fense du 28 novembre 1996) et les �tats-Unis. � partir de 1997, prenant ses distances avec les pays occidentaux, le cheikh Zayed, pr�sident de la F�d�ration, boycottait la Conf�rence �conomique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord qui se tenait en novembre 1997 et se d�clarait oppos� aux frappes a�riennes men�es par les �tats-Unis contre l'Irak.

L'importance des pays du Golfe s'explique principalement par leurs �normes ressources �nerg�tiques : ils d�tiennent 53 % des r�serves p�troli�res connues du monde et g�n�rent plus du tiers de la production quotidienne mondiale. L'Arabie Saoudite se classe au premier rang avec des r�serves de 261 milliards de barils, suivie par les �mirats arabes unis (98 milliards) et le Kowe�t (96,5 milliards). L'exploitation du p�trole exigea aussi de faire appel � des travailleurs �trangers. Bien que la plupart d'entre eux proviennent des pays arabophones, d'autres viennent des pays occidentaux et de certains �tats asiatiques (Inde, Pakistan, Afghanistan, etc.). Les �mirats sont ainsi devenus un pays multilingue et multiethnique, � dominance arabophone et islamique.

Le 4 janvier 2010, fut inaugur�e la tour Khalifa de Duba� � en l'honneur de cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyanedu, le chef de l'�tat de la f�d�ration des �mirats arabes unis, dont Duba� fait partie �, maintenant le plus haut gratte-ciel du monde, avec ses 828 m�tres et ses 160 �tages habitables. Cette tour semble repr�sentative de la mondialisation actuelle. Elle a �t� construite en sol arabe par une main d'�uvre surtout indienne et pakistanaise, � partir d'une conception am�ricaine, inspir�e des travaux d'un architecte et ing�nieur originaire du Bangladesh (Fazlur Khan). Il est difficile de trouver un monument plus repr�sentatif d'une certaine modernit�. 

4 La politique linguistique

Les �mirats arabes unis ont �labor� une politique linguistique d'arabisation depuis l'accession � l'ind�pendance. L'article 6 de la Constitution du 2 d�cembre 1971 proclame que l'Union fait partie de la grande nation arabe � laquelle elle est li�e par la religion, la langue, l'histoire et un destin commun:

Article 6

L'Union fait partie de la grande nation arabe � laquelle elle est li�e par la religion, la langue, l'histoire et un destin commun. Le peuple de l'Union est unique et fait partie de la nation arabe.

L'article 7 d�clare que l'arabe est la langue officielle:

Article 7

L'islam est la religion officielle de l'Union. La Charia islamique est la principale source de la l�gislation dans l'Union. La langue officielle de l'Union est l'arabe.

4.1 La langue de l'�tat

En r�alit�, les �mirats ont deux langues, l'une pour l'�crit, l'autre pour l'oral. Si l'arabe classique sert de langue �crite pour l'�tat et les m�dias, l'arabe du Golfe sert de langue orale pour le gouvernement, l'Administration, l'arm�e, la police, les affaires, etc. C'est en arabe du Golfe qu'on g�re l'�tat, mais c'est l'arabe classique qui sert de langue v�hiculaire entre les populations arabophones. Avec les non-arabophones, c'est l'anglais qui remplace l'arabe classique.

C'est la population indig�ne des �mirats qui contr�le les affaires du gouvernement, du Parlement, de la police, etc. C'est pourquoi l'arabe du Golfe, une langue essentiellement orale, est utilis� partout. La plupart des fonctionnaires parlent donc l'arabe du Golfe, mais aussi l'arabe classique lorsque les circonstances l'exigent, parfois l'anglais dans certaines administrations f�d�rales. C'est en arabe du Golfe qu'on discute des lois r�dig�es en arabe classique, c'est en arabe du Golfe qu'on commente les r�glements administratifs offerts en arabe classique. Dans les tribunaux, l'arabe classique est la langue officielle, mais les accus�s, les t�moins et les avocats peuvent s'exprimer en arabe du Golfe ou en anglais dans toutes les cours f�d�rales. Dans les municipalit�s (cours locales), c'est l'arabe avec au besoin les services d'un interpr�te. Cela dit, il vaut mieux ne pas avoir de contentieux avec des citoyens de �mirats (les �locaux�), car la justice du pays risque de ne pas se montrer totalement impartiale. Les services gouvernementaux centralis�s sont donc offerts en arabe du Golfe (avec les locaux), en arabe classique (avec les autres arabophones) et en anglais (avec les �trangers occidentaux et asiatiques).

4.2 Les langues de l'�ducation

L'�ducation a constitu� une priorit� pour le gouvernement des �mirats arabes unis. Aujourd'hui, il y a plus de 290 000 enfants �miriens dans les �coles du gouvernement dans le pays. Chaque village dispose d'une �cole primaire et les plus grandes villes ont des �coles secondaires.  L'�ducation est gratuite pour tous � tous les niveaux, incluant l'universit�. Les uniformes scolaires, les manuels, l'�quipement et le transport sont aussi fournis gratuitement. Les gar�ons et les filles ont un acc�s �gal � l'�ducation, mais ils doivent fr�quenter des �coles s�par�es. La plupart des enseignants proviennent des autres pays arabes. Le taux d'analphab�tisme �tait � 77 % en 1980, mais � seulement 76 % en 2000. Il existe aussi un grand r�seau d'�coles priv�es. Presque 40 % des �l�ves dans les Emirats sont inscrit dans les �coles priv�es.

Dans les �coles publiques, la langue d'enseignement est l'arabe classique, et c'est dans cette langue qu'on enseigne dans les �coles primaires et secondaires. Les langues secondes les plus enseign�es sont l'anglais, le fran�ais, l'espagnol. Dans les �coles priv�es, les langues d'enseignement peuvent �tre l'anglais, le fran�ais, l'allemand, l'hindi, l'ourdou, le malayalam, le farsi, etc. Les Am�ricains ont fond� des �coles o� ils dispensent en enseignement en anglais pour les enfants anglophones des �mirats; les Fran�ais en ont �galement. En 1977, les �mirats arabes unis ont fond� une universit� nationale (l'Universit� des �mirats arabes) qui a �t� model�e d'apr�s le syst�me am�ricain. Les deux langues d'enseignement sont l'arabe classique et l'anglais. Cependant, � Duba�, l'Universit� am�ricaine (American University) ne dispense son enseignement qu'en anglais. Le gouvernement �mirien encourage les �tudiants � aller � l'universit� (environ 11 %) en leur offrant des bourses g�n�reuses et des prix en argent lorsqu'ils obtiennent un dipl�me. Les �tudiants qui veulent poursuivre des �tudes � l'�tranger, surtout aux �tats-Unis et en Grande-Bretagne, sont financ�s par le gouvernement.

4.3 Les m�dias

La Constitution des �mirats arabes unis garantit en principe la libert� de la presse, mais le contenu �ditorial et politique des journaux demeure tr�s contr�l�, surtout pour la presse arabophone; la presse anglophone jouit de plus de libert�.  Les organes de presse �crite, officiellement des soci�t�s priv�es, sont en r�alit� subventionn�s par les autorit�s. Une l�gislation de 1988 exige l'enregistrement de toutes les publications et dresse la liste des sujets autoris�s. Les journalistes pratiquent l'autocensure d�s qu'il s'agit de politique int�rieure, des familles r�gnantes dans l'�mirat, de religion ou des relations avec les pays voisins (surtout l'Arabie Saoudite). Pour sa part, la presse �trang�re est censur�e avant sa distribution.

Les �mirats arabes unis disposent d'une grande vari�t� de m�dias tant �crits qu'�lectroniques. Parmi les journaux en arabe, mentionnons les quotidiens Al Bayan, Al Ittihad, l'Al Khaleej, puis l'Al Shindagah, l'Al Fajr, l'Al-Wahda, etc. D'autres journaux sont en anglais: Gulf News (quotidien), Emirates Today (quotidien), Khaleej Times, Abu Dhabi News, Emirates News, etc.

Les stations de radio sont tr�s nombreuses (une trentaine). La plupart diffusent en arabe classique et/ou en arabe du Golfe. Quelques-unes diffusent en anglais, dont FM 92, UAE Radio Dhabi et Voice of the UAE. La station Umm al Qiwan Radio diffuse en plusieurs langues, notamment en arabe, en ourdou, en hindi, en anglais et en fran�ais. Pour sa part, Hum FM diffuse en hindi-ourdou. 

En ce qui a trait � la t�l�vision, on trouve des �missions en arabe classique, en anglais, en fran�ais, en hindi-ourdou, en cinghalais. Le tableau qui suit pr�sente une r�sum� de la situation pour les cha�nes de t�l�vision nationales.

D�signation des cha�nes nationales Statut Type de programmation Langue de diffusion
UAE-Channel 4 Ajman TV   priv�   g�n�raliste   arabe  
EDTV Emirates Dubai TV   priv�   information, sport, divertissement   arabe et anglais  
UAE-TV Sharjah   priv�   g�n�raliste   arabe, ourdou, hindi, anglais et fran�ais  
UAE TV- Abu Dhabi   public   g�n�raliste   arabe (Channel 1), anglais et fran�ais (Channel 2)  
UAE TV- Duba�   public   g�n�raliste   arabe, anglais et fran�ais  
UMM AL-Kha�mah Broadcasting   priv�   g�n�raliste   arabe, cinghalais et ourdou 

La politique linguistique des �mirats arabes unis en est une d�unilinguisme arabe, mais la diglossie arabe dialectal (arabe du Golfe) et arabe classique est courante. Il n'existe pas, au sens juridique du terme, de minorit�s linguistiques dans les �mirats, sauf religieuses. Les arabophones doivent parler l'arabe, les autres l'anglais. La notion de minorit� linguistique n'existe pas parce que les autres langues sont consid�r�es comme des langues immigrantes, donc ignor�es, comme c'est le cas d'ailleurs dans la plupart des pays du monde. En fait, les �mirats composent avec un certain bilinguisme arabo-anglais afin de permettre une meilleure harmonisation entre les nombreux travailleurs �trangers. Dans les affaires de l'�tat, c'est la valorisation de la langue officielle et le maintien de l'arabe du Golfe dans les communications informelles. Toutefois, dans les �coles priv�es et dans les m�dias, c'est la non-intervention et le multilinguisme qui r�gne, avec une dominance pour l'anglais.

De toute fa�on, les �mirats arabes unis sont r�put�s pour bafouer facilement les droits humains. Dans ces conditions, la question des groupes minoritaires d'origine immigrante fait figure de probl�me marginal.

Derni�re mise � jour: 22 d�c. 2023

Bibliographie

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THUAL, Fran�ois. Abr�g� de g�opolitique du Golfe, Paris, �ditions Ellipses, 1997.

 

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