Trait� de Versailles

28 juin 1919

1. La fin de la Premi�re Guerre mondiale

Le trait� de Versailles est un trait� de paix fut sign�, le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du ch�teau de Versailles, entre l'Allemagne et les Alli�s � l'issue de la Premi�re Guerre mondiale. Le trait� avait �t� pr�par� par la Conf�rence de paix (tenue � Paris, du 18 janvier 1919 au 10 ao�t 1920) qui �laborait notamment les quatre trait�s �secondaires� de Saint-Germain-en-Laye, du Trianon, de Neuilly-sur-Seine et de S�vres.

Le trait� de Versailles faisait suite � l'effondrement de quatre empires : l'Empire russe, l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman, en remodelant consid�rablement les fronti�res existantes et en rempla�ant ces quatre monarchies multinationales par des �tats-nations, conform�ment aux �14 points� fix�s comme base de n�gociation par le pr�sident am�ricain Woodrow Wilson.

Bien que cette conf�rence ait r�uni 27 �tats (vaincus exclus), les travaux furent domin�s par une sorte de �directoire� de quatre membres: Georges Cl�menceau (pr�sident du Conseil ou premier ministre) pour la France, David Lloyd George (premier ministre) pour la Grande-Bretagne, Vittorio Emanuele Orlando (ministre-pr�sident) pour l'Italie et Thomas Woodrow Wilson (pr�sident) pour les �tats-Unis. Ces personnalit�s ont exerc� une influence d�terminante dans le trait� de paix.

2. Les clauses du trait�

Le trait� de Versailles a impos� � l'Allemagne des clauses territoriales (par exemple, la restitution de l'Alsace-Lorraine � la France et la perte de toutes les colonies d'Afrique aux mains de ses rivales, la France et la Grande-Bretagne: le Cameroun, le Togo, le Tanganyika et le S�dwestafrika ou Namibie, en Oc�anie la Micron�sie, le nord-est de la Nouvelle-Guin�e, l'archipel Bismarck et les Samoa), militaires (p. ex., le r�duction des armements en canons et en avions ainsi que des effectifs, la d�militarisation de la rive gauche du Rhin, la surveillance d'une Commission de contr�le interalli�e) et �conomiques (d�clar�e seule responsable du d�clenchement de la guerre, l'Allemagne �tait condamn�e � payer l'int�gralit� du montant des dommages subis par les Alli�s). Dans l'obligation d'accepter ces dures conditions, l'Allemagne a consid�r� le trait� comme un Diktat.

De plus, le droit des peuples � disposer d'eux-m�mes et le 10e des 14 points de Wilson (constituer des �tats-Nations linguistiques selon les pl�biscites des peuples) furent refus�s aux vaincus: ainsi les germanophones d'Autriche eurent l'interdiction de s'unir � la R�publique de Weimar (ce qui aurait compens� l'humiliation de la d�faite), les Hongrois durent c�der 70% de leur territoire, alors que les non-Magyars n'�taient que 59% de leurs sujets, les Bulgares ne purent pas conserver la Mac�doine du Nord et, quant � l'Empire turc dont le sultan �tait aussi le calife, il �tait quasiment r�duit � un �tat-croupion d�pec� par les puissances coloniales. Cette situation humiliante pour les vaincus portait en germe les causes de toutes les guerres futures, notamment les revendications de la part des groupes nationalistes allemands, en particulier chez les nazis, ce qui allait entra�ner, d'une part, les conditions d'une revanche, d'autre part, l'av�nement de la Seconde Guerre mondiale.

Comme on le constate sur la carte ci-dessous, les grands empires allemands et austro-hongrois ont �t� disloqu�s, cr�ant ainsi de nouveaux �tats tels que la Yougoslavie, la Tch�coslovaquie, la Pologne, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie. De plus, le trait� imposait � l'Allemagne, la restitution de l'Alsace-Lorraine � la France et la cr�ation du �couloir de Dantzig� donnant � la Pologne un acc�s � la mer, ce qui coupait la Prusse du reste de l'Allemagne; l'Allemagne perdait aussi toutes ses colonies.

Quant � l'Italie, la France et l'Angleterre limit�rent ses ambitions en ne lui laissant qu'une partie seulement des territoires qui avaient �t� promis par le pacte de Londres (1915), auquel les �tats-Unis �taient fermement oppos�s, ce qui r�vulsa une grande partie de l'opinion publique italienne en raison de la propagande de la part de la presse nationaliste. Canalisant les m�contentements, Benito Mussolini prit le pouvoir en 1922 et institua un r�gime autoritaire, militariste et nationaliste en se faisant d�signer par le titre de Duce (�chef�, �guide�). 

Conform�ment au principe impos� par le pr�sident am�ricain Woodrow Wilson, le trait� de Versailles appliquait le �droit des peuples � disposer d'eux-m�mes�, ce qui impliquait surtout les Polonais, les Hongrois, les Roumains, les Tch�ques, les Slovaques, les Slov�nes, les Croates, les Serbes, etc., mais pas n�cessairement les autres peuples minoritaires que la guerre avait diss�min�s un peu partout.

2. Le d�coupage des fronti�res

Le d�coupage des nouveaux �tats d'Europe centrale allait susciter des conflits entre les minorit�s nationales et l'Allemagne humili�e qui ne tarda pas � refuser cette mauvaise paix. Enfin, la guerre allait entra�ner la d�composition de la Russie tsariste pour faire place plus tard � l'Union sovi�tique. Devant les d�sastres de la Grande Guerre et pour emp�cher tout nouveau conflit, on cr�a une assembl�e internationale : la Soci�t� des Nations. � la fin de la Premi�re Guerre mondiale, la Soci�t� des Nations se voulait une tentative d'�tablissement d'un syst�me international de protection des minorit�s, car les nombreux bouleversements d�mographiques caus�s par la disparition de quatre grands empires avaient occasionn� un tr�s grand nombre de peuples orphelins dans leur nouveau pays.

De nombreux groupes ethniques et religieux minoritaires furent dans l'obligation de vivre diss�min�s dans diff�rents �tats et ont d� changer d'ob�dience politique. D�sormais, les �tats-Unis et la jeune Russie sovi�tique, ainsi que leurs langues, s'imposeront progressivement au monde.

3. Les langues du trait�

Le trait� de Versailles fut r�dig� en fran�ais et en anglais, les deux versions faisant �galement autorit�. Le texte portait le titre Conditions de paix - Conditions of Peace. C'�tait la premi�re fois depuis le trait� de Rastatt de 1714 (qui mettait fin � la guerre de Succession d'Espagne) que le fran�ais n'�tait plus le seule langue officielle de la diplomatie occidentale. Cet acte consacrait le fran�ais comme langue diplomatique en Europe, puisque la convention de Vienne en 1736 et le trait� d'Aix-la-Chapelle en 1748 furent �galement r�dig�s en fran�ais. M�mes les trait�s sign�s entre des pays dont le France ne figurait pas furent par la suite r�dig�s en fran�ais. C'est pourquoi le trait� de Versailles de 1919 constitue une date nouvelle dans la diffusion du fran�ais et son affrontement avec l'anglais.  

Il semble que le repr�sentant de la France, Georges Cl�menceau, ait accept� que l'anglais devienne � c�t� du fran�ais la langue de travail de la Conf�rence de paix de Paris. En raison de sa connaissance de l'anglais � il avait �pous� une Am�ricaine et s�journ� aux �tats-Unis � Cl�menceau avait acc�d� � la demande de David Lloyd George (Grande-Bretagne) et de Thomas Woodrow Wilson (�tats-Unis); le repr�sentant de l'Italie, Vittorio Orlando, a d� �tre d'accord. En r�alit�, l'argument de poids n'�tait pas vraiment la mauvaise connaissance du fran�ais de la part du pr�sident am�ricain Woodrow Wilson, mais le fait que la guerre n'avait �t� gagn�e que gr�ce � l'intervention am�ricaine. Il y eut un prix � payer: ce sont les Am�ricains et les Britanniques qui ont impos� l'anglais comme �seconde langue officielle� lors des n�gociations. Leur succ�s devait avoir des cons�quences importantes pour le fran�ais et l'anglais comme langues internationales. 

Il faut dire que Cl�menceau avait refus� que le �droit des peuples � disposer d'eux-m�mes�; ce faisant, il aurait terriblement manqu� de lucidit� et de clairvoyance parce qu'il a pos� les conditions d'une nouvelle guerre mondiale en ouvrant la porte � la diffusion du nazisme en Allemagne.

Paradoxalement, le S�nat des �tats-Unis refusa en novembre 1919 de ratifier le trait� de Versailles, mais le statut de la langue anglaise venait n�anmoins d'�tre reconnu au plan international avec l'accord de la France. Par la suite, l'anglais supplantera progressivement le fran�ais dans la plupart des documents juridiques internationaux. Apr�s, la d�faite fran�aise si brutale et inattendue de 1940, mais plus encore ce que le monde a per�u comme la �trahison fran�aise� (avoir pactis� avec l'ennemi par la �collaboration�) puis, apr�s-guerre, les Am�ricains arrivant en lib�rateurs et le plan Marshall ont fini de d�molir le prestige et la pr��minence du fran�ais.

Derni�re mise � jour: 08 mars 2025

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