Communaut� autonome d'Estr�madure

Estr�madure

(Extremadura)

Capitale: M�rida 
Population: 1,0 million (2008)
Langue officielle: castillan   
Groupe majoritaire: castillan (env. 77 %) 
Groupes minoritaires: estr�madurien ou
estr�m�gne (20 %), portugais, galicien, arabe marocain, roumain, chinois, fala, etc.
Syst�me politique: l�une des 17 communaut�s autonomes d�Espagne  
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution espagnole de 1978; aucune disposition linguistique dans la
Loi organique 1/2011 du 28 janvier sur la r�forme du Statut d'autonomie de la Communaut� autonome d'Estr�madure de 2011.
Lois linguistiques:
Ordonnance du 14 juin 2000 du minist�re de la Culture adoptant l'ouverture du dossier pour d�clarer le fala comme bien d'int�r�t culturel; D�cret 180/2000 du 25 juillet approuvant le r�glement sur le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure; D�cret 45/2001 du 20 mars d�clarant le fala comme �bien d'int�r�t culturel�; Loi 2/2008 du 16 juin sur le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure.

1 Situation g�ographique

L'Estr�madure (Extremadura en espagnol) est l'une des 17 Communaut� autonome l'Espagne. D'une superficie de 41 634 km� (Aragon: 47 719 km�; Catalogne: 32 114 km�; Belgique: 32 545 km�), le territoire est situ� dans le sud-ouest de la Meseta; il est entour� � l'ouest par le Portugal, au nord par la Castille-et-L�on, � l'est par la Castille-La Manche, au sud par l'Andalousie.

La capitale de l'Estr�madure est M�rida. La Communaut� autonome est compos�e de deux provinces : C�ceres au nord et Badajoz au sud.

Le drapeau de l'Estr�madure est form� de trois bandes horizontales de couleurs vert, blanc et noir. Le vert est la couleur de l'embl�me de l'Ordre d'Alc�ntara, qui provient de la province de C�ceres; c'�tait aussi la couleur de l'islam, alors que l'Estr�madure, une taifa, a v�cu sa seule p�riode en tant que territoire ind�pendant. Le blanc est la couleur employ�e dans la banni�re du Royaume de L�on, alors que l'Estr�madure �tait d�sign�e comme la r�gion d'Extremadura de Le�n. Le noir aurait �t� choisi en l'honneur de l'�tendard de la dynastie des Aft�sidas (Berb�res arabis�s) du Royaume de Badajoz.

La d�nomination officielle pour d�signer le gouvernement autonome est Gobierno de Extremadura (en fran�ais: gouvernement d'Estr�madure), ce qui correspondrait � un �Ex�cutif gouvernemental�. Le gouvernement est aussi appel� Junta de Extremadura : �Junte d'Extr�madure�. Le gouvernement est compos� du pr�sident ("Presidente"), de deux vice-pr�sidents ("Vicepresidente") et de �conseillers� ("Consejeros�) �quivalant � la fonction de �ministres�. Le pr�sident est �lu par le parlement d'Estr�madure, mais nomm� par le roi d'Espagne.

� l'instar des autres Communaut�s autonomes, l'Estr�madure utilise les termes Consejer�as (ancien fran�ais: �conseillerie�), ainsi que conselleiro / conselleira (fr. �conseiller / conseill�re�), qui servent � d�signer les minist�res et les ministres du gouvernement d'Estr�madure. On peut, en fran�ais, employer l'expression �ministre-conseiller� (ou �ministre-conseill�re�), voire simplement �ministre�, pour rendre compte ad�quatement du terme conselleiro / conselleira ; le terme fran�ais �conseiller� correspond mal � la fonction d�volue aux conselleiros / conselleiras en Espagne, car ces postes n'ont rien � voir avec une �personne qui donne des conseils� � conseiller juridique, conseiller d'orientation, etc. � ou qui fait partie, par exemple, d'un conseil municipal. De plus, le mot vicepresident (fr. �vice-pr�sident�) sert d'�quivalent � �premier ministre�. En Espagne, les termes ministerio (fr. �minist�re�) et ministro / ministra (fr. �ministre�) d�signent les minist�res et les ministres du gouvernement central, et non ceux des Communaut�s autonomes; le premier ministre du gouvernement espagnol est d�sign� par l'expression Primer ministro (fr. �premier ministre�).  

2 Donn�es d�molinguistiques

La Communaut� autonome de l'Estr�madure comptait une population de 1,0 million en 2008. La seule langue officiellement identifi�e est le castillan, mais d'autres langues sont �galement parl�es en Estr�madure, dont l'estr�madurien, le portugais, l'arabe marocain, le roumain, le chinois, etc. Moins de 80 % des habitants parlent le castillan comme langue maternelle, mais presque toute la population utilise cette langue � un titre ou � un autre, puisque c'est la langue officielle. Dans le sud et l'est de la province de C�ceres ainsi que dans la province de Badajoz, il existe des parlers traditionnels de castillan, qui sont des vari�t�s castillanes partageant avec l'estr�madurien septentrional des caract�ristiques m�ridionales (dont le diminutif -ino et quelques aspects lexicaux).

En 2007, l'Estr�madure comptait environ 30 000 �trangers, ce qui repr�sentait 3 % de la population totale. La plus grande communaut� immigrante parle l'arabe marocain (9218 personnes), et elle est suivie par le portugais (4676), le roumain (4324), le chinois (630), etc.

2.1. L'estr�madurien

L'estr�madurien � appel� extreme�o en castillan et estreme�u en estr�madurien � ou encore estr�m�gne est une langue romane issue du latin, parl�e par environ 200 000 locuteurs. Cette vari�t� du groupe asturo-l�onais ("asturleon�s") est d�sign�e de fa�on fort diff�rente. Ainsi, l'asturo-l�onais de la province de L�on est appel� l�onais (leon�s en castillan; llingua ll�onesa en l�onais), asturien ("asturiano") ou bable dans les Asturies, estr�madurien ("estreme�u") en Estr�madure, cantabre ("c�ntabro", "c�ntabru" ou "monta��s") en Cantabrie et mirandais ("mirand�s") au Portugal.

Dans le Livre Rouge de l'UNESCO sur les langues �en danger�, le l�onais, l'asturien, l'estr�madurien, le cantabre et le mirandais sont d�sign�s de fa�on distincte, tout en consid�rant le mirandais comme une vari�t� du l�onais. Pour les philologues et les linguistes, l'asturien, le l�onais (estr�madurien et cantabre) et le mirandais constituent trois vari�t�s d'une m�me langue appartenant au sous-groupe asturo-l�onais ("subgrupo asturleon�s"). Voici un exemple de l'article 3 de la Constitution espagnole (par. 2) en l�onais et en asturien:

Version fran�aise Version l�onaise Version asturienne Version castillane
2) Les autres langues espagnoles sont �galement officielles dans les diff�rentes Communaut�s autonomes en accord avec leurs Statuts.  2) Las outras llinguas hespa�olas sedr�n tami�n ouficiales nas respeutivas Comunidaes Aut�nomas d'alcuerdu cunos sous Estatutos. 2) Les otres lling�es espa�oles ser�n tami�n oficiales nes respectives Comunidaes Aut�nomes acordies colos sos Estatutos. 2) Las dem�s lenguas espa�olas ser�n tambi�n oficiales en las respectivas Comunidades Aut�nomas de acuerdo con sus Estatutos.
 
Quant � l'estr�madurien lui-m�me, il est parl� dans le nord-ouest de l'Estr�madure, plus pr�cis�ment dans la province de C�ceres, ainsi que dans le sud de la province de Salamanque (Castile-et-L�on). L'estr�madurien est aussi d�sign� par le terme cast�o, bien que ce mot puisse porter � confusion parce qu'il d�signe tant la langue de transition du L�on (cast�o) que les vari�t�s castillanes de l'Estr�madure et des populations de S�ville et de Cordoue, d'influence l�onaise. En Castille-et-L�on, l'estr�madurien est parl� dans les agglom�rations de la Salamanque de Rebollar, Rodrigo et B�jar.

Les statistiques sur le nombre des locuteurs parlant cette langue sont anciennes et gu�re fiables. Il n'existe pas d'�tudes r�centes sur l'ensemble de ces parlers, notamment en Estr�madure, dans le L�on et en Cantabrie, mais dans les Asturies et au Portugal les statistiques peuvent �tre consid�r�es comme assez pr�cises. Au total, on estime qu'il y aurait environ 720 000 locuteurs de cette langue. En Estr�madure, on compterait quelque 200 000 locuteurs de l'estr�madurien; dans la province de Salamanque (Castille-et-L�on), moins de 2000 locuteurs.

Dans la province de C�ceres, l'estr�madurien est parl� dans les comarques de Sierra de Gata, Las Hurdes, Guijo de Santa Barbara, la vall�e de l'Alag�n, de Riberos del Tajo-Alag�n, de Riberos del Tajo-Almonte et la vall�e de Jerte (Piornal, Rebollar ou Torno), la vall�e de l'Ambroz, de Monfrag�e et de Berzocana-et-Madro�era, ainsi que dans la comarque de Las Villuercas-Guadalupe.

Soulignons aussi que, au Portugal, dans le district de Beja, il existe une petite municipalit� du nom de Barrancos (1825 hab.) dont la population parle le "barranquenhu", une vari�t� linguistique � base de portugais avec une forte influence de l'estr�madurien m�ridional ("bajoextreme�o"). On lui donne aussi en espagnol le nom de "dialecto barranque�o" ou de "fala de Barrancos".

2.2 Les vari�t�s asturiennes

Dans les Asturies, on distingue l'asturien occidental, l'asturien central et l'asturien oriental. Ce sont les termes qu'a utilis� le philologue espagnol m�di�viste Ram�n Men�ndez Pidal (1869-1968): le l�onais occidental, le l�onais central et le l�onais oriental. L'estr�madurien n'est pas reconnu comme une �langue�, mais comme un idiome ("idioma extreme�o"), un dialecte ("dialecto extreme�o") ou une �modalit� linguistique de l'asturo-l�onais� ("modalidad ling��stica del Asturleon�s"). Selon les linguistes espagnols, il faudrait distinguer trois �dialectes�:

- l'artu ehtreme�u ou altoextreme�o : estr�madurien septentrional;
- le meyu ehtreme�u ou medioextreme�o : estr�madurien central;
- le bahu ehhteme�u ou bajoextreme�o : estr�madurien m�ridional.

La vari�t� septentrionale est consid�r�e comme la plus �pure� et celle qui est parl�e par la majorit� des locuteurs de l'estr�madurien; elle sert de norme officielle. Cette vari�t� est parl�e dans le nord-ouest de la communaut� autonome d�Estr�madure et dans le sud-ouest de Salamanque (une province de la communaut� autonome de Castille-et-Le�n). Chacune de ces trois grandes vari�t�s est subdivis�e � son tour en diverses variantes sous-dialectales, tout en conservant une intercompr�hension entre les trois.

L'estr�madurien septentrional (altoextreme�o) est habituellement consid�r� comme un parler asturo-l�onais de transition avec des formes m�ridionales de castillan, une vari�t� diff�renci�e du castillan parl�e dans la partie nord-ouest et centre-nord de la province de C�ceres et d'une partie du sud-ouest de la Salamanque. L'estr�madurien septentrional conna�t lui-m�me de nombreuses variantes:

Habla del Rebollar
Alto extreme�o occidental
Altoextreme�o hurdano
Altoextreme�o serragatino
Habla de Garrovillas y Serradilla
Altoextreme�o oriental
Chinato (
Malpartida de Plasencia)
Altoextreme�o meridional
Parler de Rebollar
Haut estr�madurien occidental
Haut estr�madurien hurdano
Haut estr�madurien serragatino
Parler de Garrovillas et Serradilla
Haut estr�madurien oriental
Chinato
(Malpartida de Plasencia)
Haut estr�madurien m�ridional (Berzocana et Madro�era)

L'estr�madurien central (medioextreme�o) et l'estr�madurien m�ridional (bajoextreme�o), parl�s dans le reste de l'Estr�madure, sont au moins depuis le XVIIe si�cle des parlers castillans m�ridionaux de transition avec le l�onais (comme les parlers murciens le sont avec le catalan), et leur influence s'exerce jusqu'� la Sierra de Aracena, en Huelva. Pour r�sumer, on peut dire que toutes les variantes estr�maduriennes � septentrionales, m�ridionales et centrales � partagent certaines caract�ristiques avec les formes m�ridionales du castillan. Sur le territoire de la Castille-et-L�on, l'estr�madurien est une langue en voie d'extinction.

Par ailleurs, les locuteurs de l'estr�madurien ont d�velopp� une conscience n�gative de leur �idiome�. Le sentiment le plus g�n�ralis�, c'est qu'ils �parlent mal le castillan� ("hablan es un mal castellano") et qu'ils doivent �corriger� ( "corregir") les mots �incorrects� ("incorrectos"). L'estr�madurien est per�u comme un �parler rustique� ("r�stico") et de �faible niveau d'instruction� ("de escasa educaci�n"). Par contre, en situation non surveill�e, les �tudiants qui font des �tudes universitaires affirment qu'ils parlent mal le castillan et bien l'estr�madurien. La pression � la fois des m�dias et de l'�cole �tant ce qu'elle est, il n'est gu�re surprenant que l'estr�madurien soit per�u n�gativement. De plus, la transmission de la langue est progressivement r�duite chez les jeunes g�n�rations. Les jeunes connaissent de moins en moins les termes locaux utilis�s par leurs grands-parents; lorsqu'ils les connaissent, ils ne les emploient pas. Le vocabulaire des jeunes s'approche de plus en plus du vocabulaire commun castillan.

2.3 Le fala

Le fala est une langue ib�ro-romane appel�e aussi fala de X�lima, galaico-extreme�o (�gal�go-estr�madurien�), gallego de Extremadura (�galicien de l'Estr�madure�) et, de fa�on n�gative, chapurre�u. C'est une langue � base de gal�go-portugais parl�e par quelque 10 500 locuteurs habitant le nord-ouest de la province de Caceres, dont 5500 locuteurs permanents, et plus de 5000 autres r�sidents qui y habitent seulement l'�t�. Il s'agit de trois villages, Valverde del Fresno, Eljas et San Mart�n de Trevejo, situ�s dans une vall�e isol�e appel�e �vall�e de X�lima� ou �vall�e du rio Eljas�, � l'extr�mit� nord-ouest de la province de C�ceres.

Le falla conna�t trois variantes: le valvideiru (parl� dans le village de Valverde del Fresno), le ma�egu (parl� � San Mart�n) et le lagarteiru (parl� � Rio Eljas). Ces trois variantes ne connaissent que de faibles diff�rences, lesquelles ne sont pas suffisantes pour nuire � l'intercompr�hension. Tout locuteur du fala peut aussi comprendre le galicien, sans probl�me majeur, mais les locuteurs du fala demeurent conscients qu'ils ne parlent pas le galicien et ils ne s'identifient pas � cette langue. Ils n'�crivent qu'en castillan, car le fala ne s'�crit pas; les usagers du fala ne veulent pas non plus que leur langue s'aligne sur l'orthographe du galicien.

�videmment, la proximit� du Portugal explique le caract�re de transition du fala. Ces populations ont v�cu isol�s depuis le XVIe si�cle et ont peu ainsi conserv� leurs particularit�s linguistiques.

Cependant, depuis plusieurs d�cennies, le castillan p�n�tre de plus en plus dans la langue fala, ce qui entra�ne des modifications dans la grammaire et le vocabulaire de cette langue tr�s vuln�rable. De fa�on g�n�rale, les locuteurs du fala utilisent le castillan � l'�cole, � l'�glise et avec les �trangers; le fala est r�serv� aux communications informelles. Le fala n'a jamais �t� reconnu officiellement, mais, le 20 mars 2001, il a �t� d�clar� par d�cret �bien d'int�r�t culturel� ("Bien de Inter�s Cultural") par la Junte d'Estr�madure.

3 Bref historique

Le territoire de l'Estr�madure a �t� une r�gion habit�e par les Ib�res, les Celtes et les Lusitaniens, sans compter les invasions des Ph�niciens, des Grecs et des Carthaginois.

3.1 Une province romaine

Toute la r�gion devint une province romaine � partir de 27 avant notre �re. Les Romains pacifi�rent la r�gion la divis�rent en provinces: la Gallaecia, la Tarraconensis, la Lusitania, la Baetica et la Carthagenensis. Le territoire de l'actuelle Estr�madure �tait situ�e dans la province de Lusitanie. La pr�sence de Rome en Espagne dura sept si�cles. Les Romains n'ont pas seulement transmis une administration territoriale, mais ils ont aussi laiss� un ensemble de coutumes sociales et culturelles, dont la langue latine qui deviendra notamment le castillan.

Apr�s plus d'un si�cle sans pr�sence �trang�re, les Wisigoths s'install�rent dans la r�gion au VIe si�cle, mais le royaume wisigoth fut menac� au d�but du VIIIe si�cle par l'invasion arabe.

3.2 L'invasion arabe

Les guerriers musulmans s'appropri�rent presque toute la P�ninsule en moins de sept ann�es, sauf pour les �les Bal�ares. Le Sud �tait acquis d�s 711, puis la Catalogne en 712, le royaume de Valence en 714, les Bal�ares seulement en 903. Le califat de Cordoue (viiie-xe si�cle), fond� en 756, connut son apog�e sous Abd al-Rahmān III (912-961). Les chr�tiens d�Espagne se r�fugi�rent dans les royaumes rest�s ind�pendants au nord (les Asturies, le L�on, l'Aragon et les Pyr�n�es), tandis que la religion et la civilisation musulmanes s�implantaient rapidement dans le reste de la P�ninsule.

3.3 Le Royaume de L�on

Apr�s la mort d'Alphonse III dit le Grand (866-910), le Royaume des Asturies se divisa et fut r�parti entre ses fils. Le L�on revint � Garc�a Ier ainsi que la Castille et la province de l'�lava (Pays basque), ce qui cr�a le Royaume de L�on. Ordo�o II re�ut la Galice et Fruela II, les Asturies. Lors du d�c�s de Garc�a Ier en 914, Ordo�o II fut proclam� roi de Le�n et de Galice. Le Royaume de L�on regroupait aussi le Royaume d'Asturies.

Le Royaume de L�on se d�veloppa vers le Duero et la Sierra de Guadarrama jusqu�� l�Estr�madure qui demeura sans roi. � la mort de Ferdinand Ier en 1065, le fils a�n� Sanche h�rita du comt� de Castille, qui un royaume : le royaume de Castille. Le second fils, Alphonse, re�ut le territoire apport� par sa m�re, le Le�n. Le troisi�me, Garc�a, re�ut le Royaume de Galice.

Avec Alphonse VIII de L�on (1188-1230),  le royaume s��tendit sur l�Estr�madure, atteignant ainsi une grande extension territoriale. � cette �poque, l�estr�madurien �tait encore la langue v�hiculaire de toute la r�gion.

3.4 La castillanisation

En 1230, le royaume de L�on fut int�gr� � la Castille avec Ferdinand III appel� saint Ferdinand de Castille, roi de Castille de 1217 � 1230, puis roi de Castille-et-L�on de 1230 � 1252. Cependant, il n�exista pas imm�diatement d�union r�elle des royaumes de L�on et de Castille, car les deux royaumes maintinrent des institutions s�par�es, des lois diff�rentes et des syst�mes �conomiques ind�pendants, m�me s'ils partageaient le m�me monarque. Dans les faits, le L�on  b�n�ficia de son ind�pendance jusqu�en 1301. Mais la r�gion prit le nom de �royaume de Castille� au fur et � mesure que les rois de Castille �tendirent leurs possessions.

C'est lors de la Reconqu�te que le mot extremadura prit le sens de �terre des extr�mes�, plateau o� hivernaient les troupeaux (privil�ges accord�s par Alphonse X le Sage � la Mesta en 1293). Au d�but, cette appellation s'appliquait aux terres qui s'�tendaient sur la meseta, y compris Salamanque et l'Andalousie. mais ensuite elle d�signa la r�gion "Extremadura de Le�n", car cette partie de la Lusitanie n'avait pas de nom.

Puis, en 1469, Ferdinand II d�Aragon �pousa Isabelle de Castille et les deux royaumes (l'Aragon et la Castille) s�unirent. L�Espagne alors unifi�e imposa progressivement la castillanisation du royaume, y compris en Estr�madure, bien que le catalan continu�t de b�n�ficier de son statut de langue officielle dans les anciens comt�s de la Catalogne.

L'une des causes de la castillanisation rapide de l'Estr�madure fut sans doute l'influence culturelle de la prestigieuse Universit� de Salamanque. Cette universit� eut pour effet de diviser l'�re l�asturo-l�onais entre l�asturien dans le Nord, et l�estr�madurien dans le Sud. L�expansion du castillan provint essentiellement par le sud avec la croissance �conomique de la province de Badajoz. D�s lors, l'estr�madurien commen�a son long d�clin comme langue v�hiculaire et devint le symbole de l'ignorance et de la pauvret� de la part de ceux qui le parlaient. Les locuteurs de l'estr�madurien adopt�rent un comportement diglossique, avec le r�sultat que cette langue ne servit plus que de fa�on informelle � la maison ou entre amis. L'estr�madurien fut r�serv� strictement � la communication orale, le castillan pour l'�crit. 

Depuis le XVe si�cle, la de l'Estr�madure faisait partie de la province de Salamanque. Par un vote des Cort�s (1653), elle fut d�finie dans sa forme actuelle. En 1711, fut cr��e la Intendencia de Extremadura, dont le si�ge est d'abord � M�rida, puis � Badajoz et, en 1790, la Real Audiencia de Extremadura � C�ceres. Ce n'est qu'en 1833 que l'Estr�madure fut divis�e en deux provinces, ce qui suscita des rivalit�s entre les villes  principales pour �tre le si�ge des capitales(M�rida et Badajoz, et Plasencia et C�ceres).

Ce n'est qu'� la fin du XIXe si�cle que survint la premi�re tentative s�rieuse de r�diger des textes en estr�madurien, notamment gr�ce au po�te Jos� Mar�a Gabriel y Gal�n (1970-1905). Mais les tentatives pour revitaliser l'estr�madurien �chou�rent toutes.

Le 26 f�vrier 1983, l�Estr�madure obtint son statut d�autonomie et devint l'une des 17 Communaut�s autonomes de l'Espagne. Mais l'histoire actuelle de l'Estr�madure demeure encore celle d'une r�gion sous-d�velopp�e. Plusieurs organismes non gouvernementaux tentent de r�tablir la langue estr�madurienne et faire de la province de Caceres une r�gion officiellement bilingue. Toutefois, les autorit�s locales ne semblent pas partager cette vision des choses, car jusqu'ici tous les projets d'officialisation et de normalisation ont �t� rejet�s. Tout au plus, le gouvernement accepterait une certaine r�gionalisation du castillan dans le nord-ouest de la province de Caceres. Dans l'�tat actuelle des choses, l'estr�madurien est consid�r� comme une langue en danger d'extinction. Pour sa part, l�APLEx, une organisation

Aujourd�hui seulement certains organismes font leur possible pour r�tablir la langue et faire de l�Estr�madure nordique une r�gion bilingue, tandis que le gouvernement et les institutions pensent que la meilleure solution est que les habitants de l�Estr�madure du nord-ouest gardent un dialecte castillan sans l�estr�maduran. Il y a �galement eu des tentatives de transformation des dialectes castillans m�ridionaux en langue officielle, ce qui d�stabilise encore l�estr�maduran et facilite la t�che de l�administration (rejeter les projets d�officialisation et de normalisation de l�estr�maduran). Aujourd�hui cette langue est s�rieusement menac�e de disparition, puisque seules les personnes �g�es parlent encore un dialecte d�form� de l�original. La majeure partie de la population d�Estr�madure ignore l�existence m�me de la langue, puisque tous les m�dias �crits et audiovisuels sont en espagnol castillan.

Une organisation r�gionale, l�APLEx, l'Asociaci�n Cultural "Estudio y Divulgaci�n del Patrimonio Ling�istico Extreme�o", s�efforce de pr�server l�estr�madurien. Un journal culturel a m�me �t� cr��, l'Iventia r�dig� en estr�madurien unifi�. Mais le gouvernement local a d'autres pr�occupations et la survie de l'estr�madurien semble sans int�r�t.  

4 La politique linguistique

Il n'existait aucun article formel sur la langue dans le Statut d'autonomie de 1983 (Ley Org�nica 1/1983, de 25 de febrero, modificada por Ley Org�nica 8/1994, de 24 de marzo).  En effet, l'article 7 ne portait que sur le �patrimoine historique monumental, artistique et arch�ologique� d'int�r�t particulier pour la Communaut� autonome:
 

Art�culo 7

1) Corresponde a la Comunidad Aut�noma la competencia exclusiva en las siguientes materias:

13. Patrimonio monumental hist�rico, art�stico, arqueo-l�gico de inter�s para la Comunidad Aut�noma, sin perjuicio de lo previsto en el art�culo 149.1.28 de la Constituci�n.

Article 7 [abrog�]

1) La comp�tence exclusive dans les mati�res suivantes rel�ve de la Communaut� autonome :

13. Le patrimoine historique monumental, artistique et arch�ologique d'int�r�t pour la Communaut� autonome, sans pr�judice des dispositions pr�vues � l'article 149.1.28 de la Constitution.

En 2011, l'Estr�madure �tait dot�e d'un nouveau Statut d'autonomie par la Loi organique 1/2011 du 28 janvier sur la r�forme du Statut d'autonomie de la Communaut� autonome d'Estr�madure. L'article 7 (alin�a 2) du nouveau Statut traite des �caract�ristiques sociales, historiques, linguistiques et culturelles de l'Estr�madure�, sans les nommer. L'alin�a 10 fait allusion �� la ma�trise des autres langues� (sans les nommer), alors que l'alin�a 15 fait r�f�rence � �l'usage de la langue des signes espagnole�:

Ley Org�nica 1/2011, de 28 de enero, de reforma del Estatuto de Autonom�a de la Comunidad Aut�noma de Extremadura

Art�culo 7.

Principios rectores de los poderes p�blicos extreme�os.

Los poderes p�blicos regionales:

1. Ejercer�n sus atribuciones con las finalidades primordiales de promover las condiciones de orden social, pol�tico, cultural o econ�mico, para que la libertad y la igualdad de los extreme�os, entre s� y con el resto de los espa�oles, sean reales y efectivas; remover los obst�culos que impidan o dificulten su plenitud; y facilitar la participaci�n de todos en la vida pol�tica, econ�mica, cultural y social de Extremadura, en un contexto de libertad, justicia y solidaridad.

2. Fomentar�n los valores de los extreme�os y el afianzamiento de su identidad a trav�s de la investigaci�n, desarrollo y difusi�n de los rasgos sociales, hist�ricos, ling��sticos y culturales de Extremadura en toda su variedad y extensi�n, con especial atenci�n al rico patrimonio de las formas tradicionales de la vida de los pueblos, en un marco irrenunciable de pleno desarrollo socioecon�mico rural.

10. Consideran un objetivo irrenunciable la masiva difusi�n de la cultura en su sentido m�s amplio y un acceso igualitario de los extreme�os a la informaci�n y a los bienes y servicios culturales. Para ello, Extremadura considera instrumentos particularmente �tiles el dominio de otras lenguas, el manejo de las tecnolog�as de la informaci�n y la comunicaci�n, la extensi�n de los sistemas operativos de c�digo abierto y el uso de las licencias de libre copia y distribuci�n. Asimismo, velar�n por la conservaci�n de los bienes del patrimonio cultural, hist�rico y art�stico.

15. Promover�n la autonom�a, la igualdad de oportunidades y la integraci�n social y laboral de las personas con discapacidad, con especial atenci�n a su aportaci�n activa al conjunto de la sociedad, a la ense�anza y uso de la lengua de signos espa�ola y a la eliminaci�n de las barreras f�sicas.

La loi organique 1/2011 du 28 janvier sur la r�forme du Statut d'autonomie de la Communaut� autonome d'Estr�madure

Article 7

Principes directeurs des autorit�s publiques de l'Estr�madure

Les autorit�s publiques r�gionales:

1. Exercent leur juridiction dans le but principal de promouvoir les conditions de la vie sociale, politique, culturelle ou �conomique, afin que la libert� et l'�galit� des Estr�maduriens, entre eux et avec les autres Espagnols, soient r�elles et efficaces; suppriment les obstacles qui emp�chent ou entravent sa prosp�rit�; et facilitent la participation de tous dans le d�veloppement politique, �conomique, culturel et social de l'Estr�madure, dans un contexte de libert�, de justice et de solidarit�.

2. Favorisent les valeurs des Estr�maduriens et le renforcement de leur identit� au moyen de la recherche, du d�veloppement et de la diffusion des caract�ristiques sociales, historiques, linguistiques et culturelles de l'Estr�madure dans toute leur vari�t� et leur extension, avec une attention particuli�re � la richesse du patrimoine des formes traditionnelles de la vie des individus, dans un cadre indispensable pour un plein d�veloppement socio-�conomique rural.

10. Consid�rent comme l'un des objectifs essentiels de la diffusion de la culture de masse dans son sens le plus large et un acc�s �gal des Estr�maduriens � l'information et aux biens et services culturels. � cet effet, l'Estr�madure consid�re comme particuli�rement utiles la ma�trise des autres langues, la gestion des technologies de l'information et de la communication, l'extension des syst�mes d'exploitation de code source et l'usage des licences de libre copie et de distribution. De plus, les autorit�s veillent � la conservation du patrimoine culturel, historique et artistique.

15. Favorisent l'autonomie, l'�galit� des chances et l'int�gration sociale et l'emploi des personnes handicap�es, avec une attention particuli�re pour leur contribution active � la soci�t� tout enti�re, � l'�ducation et � l'usage de la langue des signes espagnole et � l'�limination des obstacles physique.

L'article 9 du Statut d'autonomie mentionne comme comp�tences exclusives de l'Estr�madure la culture sous toutes ses formes, y compris  la protection des particularit�s linguistiques distinctives, sans davantage les nommer ou les pr�ciser:
 

Art�culo 9

Competencias exclusivas

1)
La Comunidad Aut�noma de Extremadura tiene competencia exclusiva sobre las siguientes materias:

47. Cultura en cualquiera de sus manifestaciones. Patrimonio hist�rico y cultural de inter�s para la Comunidad Aut�noma. Folclore, fiestas y tradiciones populares. Protecci�n de las modalidades ling��sticas propias. Academias cient�ficas y culturales de Extremadura.

Article 9

Comp�tences exclusives

1)
La r�gion autonome d'Estr�madure a la juridiction exclusive dans les mati�res suivantes:

47. La culture sous toutes ses formes. Le patrimoine historique et culturel d'int�r�t pour la Communaut� autonome. Le folklore, les f�tes et les traditions populaires. La protection des particularit�s linguistiques distinctives. Les acad�mies scientifiques et culturelles de l'Estr�madure.

Quant � l'article 84 du Statut d'autonomie, il s'en tient au patrimoine dont font partie les biens et les droits acquis de l'administration publique � l'occasion des transfert des fonctions et des services :
 

Art�culo 84.

Patrimonio.

1)
La Comunidad Aut�noma de Extremadura tiene su propio patrimonio y dispone de bienes de dominio p�blico, patrimoniales y otros especiales, con el r�gimen jur�dico que disponga una ley de la Asamblea.

2) Forman parte del patrimonio de la Comunidad los bienes y derechos recibidos desde las administraciones p�blicas con ocasi�n de los traspasos de funciones y servicios y los adquiridos por cualquier otro t�tulo jur�dico v�lido.

Article 84

Patrimoine

1)
La Communaut� autonome d'Estr�madure d�tient son propre patrimoine et dispose de biens du domaine public, du patrimoine et autres biens particuliers de r�gime juridique que pr�voit une loi de l'Assembl�e.

2) Font partie du patrimoine de la Communaut� les biens et les droits acquis de l'administration publique � l'occasion des transfert des fonctions et des services, ainsi que ceux acquis par tout autre titre juridique valide.

Dans la Constitution espagnol de 1978, l'article 149 pr�cise  que l'�tat central jouit d'une comp�tence exclusive pour la d�fense du patrimoine culturel, artistique et monumental espagnol contre l'exportation et la spoliation:
 

Art�culo 149

1) El Estado tiene competencia exclusiva sobre las siguientes materias:

28. Defensa del patrimonio cultural, art�stico y monumental espa�ol contra la exportaci�n y la expoliaci�n museos, bibliotecas y archivos de titularidad estatal, sin perjuicio de su gesti�n por parte de las Comunidades Aut�nomas.

Article 149

1) L'�tat jouit d'une comp�tence exclusive pour les mati�res suivantes:

28. La d�fense du patrimoine culturel, artistique et monumental espagnol contre l'exportation et la spoliation; mus�es, biblioth�ques et archives qui appartiennent � l'�tat, sans pr�judice d'une gestion par les communaut�s autonomes;

4.1 Le statut officiel du castillan par d�faut

Le Statut d'autonomie de 2011 accord� � l'Estr�madure n'accorde aucune reconnaissance officielle ni au castillan ni � aucune autre langue. En cons�quence, seul l'article 3 (trois paragraphes) de la Constitution espagnole s'appliquait dans la Communaut� autonome d'Estr�madure, car le castillan est la langue espagnole officielle de l'�tat, donc de celle de ses �tats constitutifs :

Art�culo 3

1) El castellano es la lengua espa�ola oficial del Estado. Todos los espa�oles tienen el deber de conocerla y el derecho a usarla.

2) Las dem�s lenguas espa�olas ser�n tambi�n oficiales en las respectivas Comunidades Aut�nomas de acuerdo con sus Estatutos.

3) La riqueza de las distintas modalidades ling��sticas de Espa�a es un patrimonio cultural que ser� objeto de especial respeto y protecci�n.

Article 3

1) Le castillan est la langue espagnole officielle de l'�tat. Tous les Espagnols ont le devoir de le conna�tre et le droit de l'utiliser.

2) Les autres langues espagnoles seront �galement officielles dans les Communaut�s autonomes respectives en accord avec leurs Statuts. 

3) La richesse des diverses modalit�s linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui doit �tre l'objet d'une protection et d'un respect particuliers.

De toute fa�on, il n'existe aucune loi particuli�re adopt�e par les Cortes d'Estr�madure proclamant le castillan comme langue officielle. Le castillan est par cons�quent la �langue officielle par d�faut�. Ce fait t�moigne aussi de l'absence de �probl�mes� en mati�re de langue.

Rappelons que, si tous les Espagnols ont le devoir de conna�tre le castillan, cette obligation ne s'applique pas au catalan, au basque et au galicien, encore moins aux autres langues comme l'estr�madurien ou le l�onais. L'utilisation de ces langues minoritaires en Espagne ne constitue pas une obligation, mais simplement un droit. Les langues ne sont donc pas officielles au m�me degr�: la langue officielle de toute l'Espagne demeure le castillan, ce qui lui assure une pr�s�ance certaine.  Il faut bien comprendre que, en termes de droits linguistiques, la Constitution espagnole reconna�t deux cat�gories de citoyens et deux cat�gories de territoires.

Ainsi, la Constitution pr�voit un �tat espagnol unilingue compos� de territoires officiellement unilingues (les castillanophones) et de territoires officiellement bilingues (pour les Catalan, les Basques et les Galiciens). Comme la Constitution espagnole est muette sur le galicien, l'estr�madurien ou le l�onais, et que le Statut d'autonomie n'en fait pas davantage mention, seul le castillan b�n�ficie du statut d'officialit�. N�anmoins, les diverses langues du territoire de la Communaut� b�n�ficient d'une certaine reconnaissance en tant que �patrimoine culturel� ou �bien d'int�r�t culturel�.

4.2 La langue de la Communaut� autonome

Aucun autre texte juridique ne fait aucune allusion � la langue officielle de la Communaut� autonome, ni � d'autres langues, sauf dans le domaine de l'�ducation. La Communaut� autonome de l'Estr�madure est de langue castillane, ce qui ne surprend gu�re, car ce territoire est � la source de l'expansion de cette langue dans toute l'Espagne.

Quoi qu'il en soit, aucune autre langue n'est utilis�e au parlement de l'Estr�madure, ni dans les tribunaux, ni dans l'Administration. Comme le castillan est la langue officielle et que tous les citoyens connaissent cette langue, seul le castillan est employ�. Les seuls documents �crits et d�pos�s dans un tribunal doivent �tre r�dig�s en castillan.

En ce qui a trait aux services gouvernementaux, tant ceux du pouvoir central que ceux de la Communaut� autonome, l'Administration s'en tient aux dispositions constitutionnelles qui d�clarent que le castillan est la langue officielle. Si, par inadvertance, un citoyen fait parvenir une lettre dans une autre langue dans un bureau du gouvernement, l'Administration se contente de retourner le document sans m�me y r�pondre. Toutes les d�nominations des municipalit�s doivent �tre en castillan, y compris celles situ�s dans les r�gions minoritaires, sauf celles des trois villages de Valverde del Fresno, d'Eljas et de San Mart�n.

4.3 Le patrimoine culturel et les biens d'int�r�t culturel

Les trois villages de langue gal�co-portugaise � Valverde del Fresno, Eljas et San Mart�n de Trevejo � situ�s au nord-ouest de la province de Caceres font maintenant partie des �biens d'int�r�t culturel� de la Communaut� autonome d'Estr�madure.

En juin 2000, le minist�re de la Culture de l'Estr�madure a �mis une ordonnance adoptant l'ouverture du dossier pour d�clarer le fala comme bien d'int�r�t culturel. Par la suite, le m�me minist�re a adopt� le d�cret 45/2001 du 20 mars d�clarant le fala comme �bien d'int�r�t culturel�. Ce d�cret a pour cons�quence de prot�ger le fala en tant que �patrimoine linguistique et culturel�. L'article unique du d�cret 45/2001 n'accorde pas de droits linguistiques aux usagers, mais � la langue elle-m�me qui fait, d�s lors, partie du patrimoine culturel de la Communaut� autonome:
 

 

Art�culo Unico

Se declara Bien de Inter�s Cultural la "A Fala", habla viva que existe en el Valle de X�lama y m�s en concreto en las localidades de San Mart�n de Trevejo, Eljas y Valverde del Fresno como se describe:

"Habla viva que es preciso promover, intensificando su conocimiento tanto en la vertiente hist�rica como en la de su actualidad."

Desde el punto de vista hist�rico, "A Fala" se relaciona con la diversidad de dialectos rom�nicos peninsulares que, a trav�s de los sucesivos fen�menos migratorios, constituyeron este riqu�simo tesoro patrimonial. [...]

Article unique

Est d�clar� bien d'int�r�t culturel le fala, le parler vivant qui existe dans la vall�e de X�lama et plus concr�tement dans les localit�s de San Mart�n Trevejo, Eljas et Valverde del Fresno, tel qu'il est d�crit :

�Parler vivant qu'il est n�cessaire de promouvoir, en intensifiant sa connaissance tant dans sa dimension historique que contemporain.�

Du point de vue historique, le fala se rapporte � la diversit� des dialectes romans p�ninsulaires qui, � travers les ph�nom�nes migratoires successifs, ont constitu� � ce richissime tr�sor patrimonial. [...]

Dans les faits, l'�tat ne s'engage � faire en sorte que les diff�rentes institutions et administrations publiques coordonnent leurs activit�s pour garantir la d�fense et la protection du fala afin que le "lagarteiru", le "ma�egu" et le "valverdeiru" soient encore une r�alit� tant que leurs locuteurs le voudront ainsi. Le document ajoute que �la langue appartient aux locuteurs de cette langue�, que �le fala appartient aux habitants de ces trois localit�s� et que �ce sont eux qui doivent dire comment ils souhaitent la pratiquer, dans quelle mesure et dans quelles limites�.

Mentionnons aussi la Loi 2/2008 du 16 juin sur le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure. Cette loi, qui n'a aucune port�e linguistique, a pour objectif le r�gime juridique des biens et des droits du patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure, ainsi que leur administration, leur d�fense et leur conservation (art. 1). L'article 2 pr�cise que les eaux, les montagnes, les mines, l'exploitation des hydrocarbures, les routes, les voies animales, la propri�t� intellectuelle et industrielle et autres propri�t�s administratives sp�ciales, ainsi que le patrimoine historique sont r�gis par une l�gislation sp�cifique:

Article 2

R�gime juridique du patrimoine

1)
Le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure est r�gi par la pr�sente loi, par ses r�glements d'ex�cution et ses d�veloppements, par la l�gislation nationale de base et les autres normes de droit public applicables et, de fa�on compl�mentaire, par les normes de droit priv� qui lui sont applicables.

2) Les eaux, les montagnes, les mines, l'exploitation des hydrocarbures, les routes, les voies animales, la propri�t� intellectuelle et industrielle et autres propri�t�s administratives sp�ciales, ainsi que le patrimoine historique sont r�gis par une l�gislation sp�cifique, sans pr�judice de l'application compl�mentaire de la pr�sente loi.

3) Le m�me r�gime du paragraphe 1 du pr�sent article est aussi applicable aux biens publics et patrimoniaux, sans pr�judice de les autres normes de droit administratif et de droit priv�, qui r�sultent de l'application du droit compl�mentaire.

Le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure est constitu� par l'ensemble des biens et des droits appartenant � son administration, � la collectivit� ou aux organismes publics cr��s sous leur juridiction (art. 3).

Il existe aussi un R�glement sur le patrimoine de la Communaut� autonome. Il s'agit du d�cret 180/2000 du 25 juillet approuvant le r�glement sur le patrimoine de la Communaut� autonome d'Estr�madure (Decreto 180/2000, de 25 de julio, por el que se aprueba el Reglamento de Patrimonio de la Comunidad Aut�noma de Extremadura). En vertu de ce r�glement (art. 4), le fala, un �bien d'int�r�t culturel�, ne peut �tre consid�r� comme un �bien patrimonial�:

Article 4

Sont des biens patrimoniaux :

1) Ceux non destin�s � l'usage g�n�ral ou aux services publics.

2) Les rendements, profits ou revenus des biens domaniaux et patrimoniaux.

3) Les actions, participations et obligations, dans des soci�t�s � caract�re public ou priv� dans lesquelles interviennent l'Administration de la Communaut� autonome, ses organismes autonomes ou ses organismes publics de droit priv�.

4) Tout autre bien et droit, dont la propri�t� est tenue par la Communaut� autonome et qui n'est pas qualifi�e comme domaniale.

4.4 L'�ducation

Compte tenu de la l�gislation en vigueur, les �coles publiques dans la Communaut� autonome d'Estr�madure sont dans l'obligation de dispenser un enseignement en castillan.

En ce sens, l'Estr�madure respecte les dispositions de la Loi organique 2/2006 du 3 mai sur l'�ducation (Ley Org�nica 2/2006, de 3 de mayo, de Educaci�n). Dans l'enseignement primaire, c'est l'article 17 qui s'applique:

Article 17

Objectifs de l'�ducation primaire

L'�ducation primaire doit contribue � d�velopper chez les files et les gar�ons des habilet�s qui leur permettent :

e. De conna�tre et d'utiliser de mani�re appropri�e la langue castillane et, s'il y a lieu, la langue co-officielle de la Communaut� autonome et de d�velopper des habitudes de lecture.

f. D'acqu�rir dans au moins une langue �trang�re les comp�tences de base en communication, qui leur permettent d'exprimer et de comprendre des messages simples et de fonctionner dans des situations quotidiennes.

Quant � l'enseignement secondaire, c'est l'article 23 de la m�me loi:

Article 23

Objectifs

L'�ducation secondaire obligatoire doit contribuer � d�velopper chez les �l�ves les habilet�s qui leur permettent :

h. De comprendre et d'exprimer correctement, � l'oral et � l'�crit, dans la langue castillane et, s'il y a lieu, dans la langue co-officielle de la Communaut� autonome, des textes et des messages complexes, et d�buter leurs connaissances par la lecture et l'�tude de la litt�rature.

i. De comprendre et de s'exprimer dans une ou plusieurs langues �trang�res de mani�re appropri�e.

�tant donn� que la Communaut� autonome d'Estr�madure n'a pas de �langue co-officielle�, la seule langue d'enseignement est le castillan. De plus, dans toutes les �coles, on n'enseigne que la langue et l'histoire de la Castille et de la Vieille-Castille, en ignorant g�n�ralement l'histoire et la culture sp�cifiques de la Communaut� autonome d'Estr�madure.

Les �tudes universitaires se font exclusivement en castillan.

4.5 Les m�dias

Dans le territoire de la Communaut� autonome de l'Estr�madure, la totalit� des journaux et magazines est en castillan, peu importe la province o� ils sont diffus�s, que ce soit dans le C�ceres ou le Badajoz. Il n'existe pas de journal pour les minorit�s linguistiques, sauf pour les gal�gophones des trois villages du fala � Valverde del Fresno, Eljas et San Mart�n de Trevejo �, qui utilisent les journaux de la Galice. Les m�dias �lectroniques sont �galement en castillan, tant � la radio qu'� la t�l�vision (Estremadura TV).

La politique de la Communaut� autonome de l'Estr�madure est caract�ris�e par la non-intervention en mati�re de langue officielle. Il est inutile de prot�ger le castillan, une langue parl�e par toute la population, si l'on fait exception des immigrants arriv�s r�cemment. Quant aux langues minoritaires, elles se r�duisent au fala, une langue d�clar�e �bien d'int�r�t culturel�. Quant � l'estr�madurien et ses variantes, ce sont officiellement des variantes de l'espagnol, qu'il ne convient pas de prot�ger.

La l�gislation estr�madurienne traite au mieux du �patrimoine� historique, mais ne pr�cise pas si le castillan en fait partie. Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas des v�ux pieux sur les �biens d'int�r�t culturel�, qui vont assurer une protection quelconque aux langues minoritaires, comme le fala. Pourtant, il s'agit l� d'un effort r�el pour le gouvernement de la Communaut� autonome en ce qui a trait aux langues minoritaires. Or, celles-ci ne sauraient constituer une menace pour la toute-puissante langue castillane. Mais la tradition en Espagne est de n'accorder des droits qu'aux langues co-officielles (galicien, catalan et basque) reconnues par la Constitution et les statuts d'autonomie. L'Estr�madure ne fait pas exception.

Derni�re mise � jour: 17 f�vr. 2024
   

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