Andalousie (Espagne)
Comunidad Aut�noma de Andaluc�a

Andalousie

Communaut� autonome d'Andalousie

Capitale: S�ville
Population: 8,4 millions  (2014)
Langue officielle: castillan   
Groupe majoritaire: castillan (80 %) 
Groupes minoritaires: andalou (20 %), tsigane, arabe, berb�re, portugais, etc.
Syst�me politique: l�une des 17 Communaut�s autonomes d�Espagne  
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution espagnole de 1978; art. 12 du Statut d'autonomie de 1982 (abrog�) et art. 10 et 213 du Statut d'autonomie de 2007
Lois linguistiques: plusieurs lois espagnoles dont la loi 1/1990 du 3 octobre sur la r�glementation g�n�rale du syst�me d'�ducation et la Loi organique 2/2006 du 3 mai sur l'�ducation; l'ordonnance du 11 avril 2006 sur l'�tablissement de prix pour des programmes scolaires en rapport avec la promotion du plurilinguisme dans les �tablissements d'enseignement pour l'ann�e 2006.

1 Situation g�ographique

L'Andalousie (Andaluc�a en espagnol) constitue une Communaut� autonome du sud de l'Espagne. Elle repr�sente 17,3 % du territoire espagnol, avec 87 268 km�; c'est donc la plus grande des r�gions espagnoles et sa superficie d�passe de beaucoup celle d'un pays comme la Belgique (32 545 km�), pour �quivaloir � celle, par exemple, de l'Autriche (83 858 km�). La capitale est S�ville.

L'Andalousie est limit�e au nord par l'Estr�madure et la Castille-La-Manche, � l'est par la Murcie, au sud par la mer M�diterran�e et Gibraltar, et � l'ouest par le Portugal.

L'Andalousie compte huit provinces: 
 

Province

Capitale Superficie
Almer�a Almer�a  8769 km�
Cadix C�dix  7442 km�
Cordoue C�rdoba 13 769 km�
Grenade Granada 12 635 km�
Huelva Huelva 10 148 km�
Ja�n Ja�n 13 484 km�
Malaga M�laga   7308 km�
S�ville S�ville 14 036 km�

Le drapeau d'Andalousie est vert et blanc avec un blason repr�sentant Hercule accompagn� de deux lions. Le blason porte aussi la devise suivante: DOMINATOR HERCULES FUNDATOR . Au bas du blason, on peut lire �Andaluc�a por s�, para Espa�a y la humanidad�, ce qui signifie: �L'Andalousie pour elle, pour l'Espagne et pour l'humanit�.

2 Donn�es d�molinguistiques

L'Andalousie comptait plus de sept millions d'habitants en 2014, soit 8,4 millions. La population est r�partie comme suit selon les provinces:

Province Population
Almer�a    701 402
Cadix 1 240 175
Cordoue    799 402
Grenade    919 455
Huelva    519 229
Ja�n    659 033
M�laga 1 621 968
S�ville  1 941 355
Total 2014 8 402 305

Ainsi, les provinces les plus peupl�es sont S�ville (1,9 million), Malaga (1,6 million) et Cadix (1,2 million), voire Grenade (919 455). Les villes num�riquement les plus importantes sont les suivantes: S�ville, Malaga, Cordoue, Grenade, Jerez de la Frontera, Almer�a, Huelva, Marbella, Dos Hermanas, Cadix, Algeciras et Ja�n.

2.1 Les langues parl�es

En Andalousie, comme dans la plupart des r�gions d'Espagne, compte des locuteurs s'exprimant en diverses langues. Les plus nombreux parlent le castillan ou l'andalou, mais d'autres s'expriment en arabe, en berb�re, en portugais, en anglais, en fran�ais, etc. Si ce sont des Espagnols d'origine, ils parlent tous le castillan ou l'andalou. Certaines communaut�s immigrantes parlent l'arabe marocain (le plus important) ou l'arabe tunisien, le berg�re (et ses vari�t�s), le portugais, etc. Officiellement, tous les Andalous parlent le castillan (appel� aussi �castillan septentrional�), la langue officielle de l'Espagne.

2.2 L'andalou

Dans les faits, le castillan parl� en Andalousie est le �castillan m�ridional� appel� simplement andalou (en fran�ais), andal�h (en andalou) ou andaluz (en espagnol), andalusian (en anglais) ou encore dialecto andaluz (en espagnol). La vari�t� du castillan qu'on parle en Andalousie porte en effet diff�rentes appellations en espagnol: andaluz (�andalou�), dialecto andaluz (�dialecte andalou�), modalidad ling��stica andaluza (mot � mot �modalit� linguistique andalouse�), habla andaluza (�parler andalou�) ou hablas andaluzas (�parlers andalous�).

Dans la Constitution et les d�crets concernant la Communaut� autonome de l'Andalousie, c'est l'expression modalidad ling��stica andaluza qui est la plus fr�quemment utilis�e pour d�signer l'andalou consid�r� comme une vari�t� locale du castillan. Le terme espagnol de modalidad peut �tre traduit en fran�ais par modalit�, vari�t�, particularit� ou sp�cificit�, mais c'est le terme modalit� qui convient le moins (au sens de �forme particuli�re� appliqu�e � une langue). Il est pr�f�rable d'utiliser les termes vari�t� (�forme caract�ris�e par la variation de certains traits particuliers�) ou particularit� linguistique (�caract�re de ce qui appartient en propre�) ou encore mieux sp�cificit� linguistique (�qui a son caract�re propre�).

De plus, l'andalou n'est pas uniformis� et il est parl� de diverses fa�ons selon la province d'appartenance. De fa�on g�n�rale, il convient de distinguer deux grandes aires : l'andalou occidental et l'andalou oriental. L'andalou occidental est parl� dans les provinces de Huelva, S�ville, Cadix, la partie nord de Cordoue et l'ouest de Malaga. L'andalou oriental s'�tend dans les provinces de Ja�n, Grenade, Almeria et dans la partie sud de Cordoue et l'est de Malaga.

Par ailleurs, il existe d'autres r�gions ayant des vari�t�s linguistiques relativement similaires et font partie de l'andalou occidental comme l'extremadurien (Extremadure: province de Badajoz) ou de l'andalou oriental comme le murcien (Murcie) et le canarien (�les Canaries).

L'andalou pr�sente certaines diff�rences phon�tiques et lexicales par rapport au castillan officiel, notamment en raison des nombreux emprunts � l'arabe (les �arabismos�, c'est-�-dire les arabismes) parce que l'Andalousie a �t� soumise plus que d'autres r�gions � l'influence arabe. En andalou, on ne prononce pas de [s] ni de [z], ni de [n] � la fin des mots: �Yo cuento, tu cuenta(s).� Le [d] du do (participe pass�) est remplac� par [o] : comprado > compraho; le syst�me est similaire avec quelques noms : mercado > mercaho, pescado > pescaho. Enfin, il y a dans l'andalou une fa�on assez diff�rente de prononcer par rapport au castillan, sans oublier les emprunts lexicaux au castillan et les transferts de sens apport�s par le castillan.

2.3 La controverse

En Espagne, l'andalou est souvent consid�r� comme un �dialecte de l'espagnol�, alors qu'il provient historiquement, � l'instar du castillan, du latin populaire (la langue m�re), non de l'espagnol. L'andalou est historiquement un �dialecte du latin�, pas de l'espagnol ; ou bien l'andalou est un �dialecte de l'espagnol� comme le castillan en est un �galement, plus pr�cis�ment d'un �proto-espagnol� ou d'un �proto-castillan�. Mais associer le mot �dialecte� au castillan appara�t comme une aberration pour un Espagnol. Pourtant, le castillan est bel et bien un �dialecte du latin�, du latin populaire, � l'exemple du fran�ais, de l'italien, du portugais, du catalan, bref de toutes les langues romanes (y compris l'andalou, le murcien, le canarien, comme le champenois, le saintongeais, le proven�al, le pi�montais, le sicilien, le corse, etc.), qui proviennent toutes de la m�me langue m�re. Pour beaucoup d'Espagnols, l'andalou ne saurait �tre une langue, puisqu'il serait de l'�espagnol d�form�!

Il s'agit l� d'un d�bat relativement similaire qui a eu lieu au Qu�bec dans les ann�es soixante entre les tenants du �bon fran�ais� et les tenants du �joual�. Rappelons que le mot joual provient de cheval prononc� [jwal] comme en fran�ais du XVIIe si�cle. Le terme joual est utilis� au Qu�bec pour d�signer globalement les diff�rences ou �carts phon�tiques, grammaticaux, syntaxiques et lexicaux (y compris les anglicismes) du fran�ais populaire canadien, soit pour les stigmatiser, soit pour en faire un symbole d'identit�. Il existe toutefois une diff�rence notable d'ordre g�n�tique: le �joual qu�b�cois� provient du fran�ais issu d'un m�lange de fran�ais archa�sant, de fran�ais populaire et d'un certain nombre d'anglicismes, alors que l'andalou ne provient pas du castillan, mais du latin. En ce sens, le joual est historiquement un �dialecte du fran�ais�, alors que l'andalou est historiquement un dialecte du latin... comme le castillan et le fran�ais.

Toutefois, les pro-castillans tiennent absolument � en faire un �dialecte du castillan�. Pour d'autres pro-castillans, l'andalou non seulement n'est pas une langue ("el andaluz no es una lengua"), mais il n'est pas d'avantage un dialecte ("ni un dialecto"), il n'est qu'une fa�on d�form�e de parler le castillan ("solo una forma de hablar el castellano�). On devine derri�re ce d�bat les motivations id�ologiques. C'est probablement moins �noble� de provenir du castillan que du latin!

Pour tout linguiste, l'andalou est une langue dans la mesure o� il correspond � un syst�me de signes et de r�gles combinatoires utilis� par une communaut� pour communiquer. Bien s�r, la notion de prestige n'entre pas en consid�ration dans cette notion. En ce sens, tout ce qui sert � communiquer des id�es au moyen d'un langage articul� est une langue, peu importe qu'on l'appelle socialement �langue�, �dialecte�, �patois�, �cr�ole�, etc. Les termes utilis�s pour d�signer les langues servent � les �classer� selon des crit�res sociaux, politiques, �conomiques, historiques et id�ologiques, voire moraux. Tous ces crit�res sont soit d�pr�ciatifs (p. ex., le �dialecte�) soit m�lioratifs (p. ex., la �langue�), jamais neutres. Ils sont teint�s d'un jugement de valeur. Or, une langue est avant tout un code, une convention adopt�e par un ensemble de locuteurs pour exprimer des id�es. Dans les faits, l'andalou peut �tre consid�r� aujourd'hui comme une variante locale du castillan, une variante nettement stigmatis�e lorsqu'elle est utilis�e ailleurs qu'en Andalousie, c'est-�-dire plus au nord, � Madrid ou au nord de Madrid.

2.4 L'absence de statut politique

En r�alit�, la plus grande diff�rence par rapport au castillan de la Vieille-Castille est de l'ordre du statut, pas du code lui-m�me: le castillan est une langue officielle, tandis que la variante andalouse n'a jamais �t� reconnue juridiquement. Au contraire, elle a toujours �t� d�valoris�e au plan social. Les m�dias ont depuis toujours habitu� les Andalous � identifier les locuteurs de l'andalou comme des personnes peu instruites au demeurant... fort charmantes. M�me dans les milieux universitaires, il est tr�s normal de consid�rer l'andalou comme du �castillan mal parl��. L'andalou est g�n�ralement mal per�u non seulement par les Castillans, mais par les Andalous eux-m�mes.

De plus, beaucoup d'Espagnols se servent comme pr�texte de la diversit� des vari�t�s andalouses pour nier existence m�me de cette langue. C'est �videmment leur droit! C'est vrai que l'andalou n'existe pas juridiquement comme �langue�, mais linguistiquement il s'agit bel et bien d'une langue, tr�s proche du castillan, il est vrai! Que l'andalou soit une �vari�t� du castillan� ne l'emp�che pas d'�tre une langue! Autrement dit, rien n'emp�che que l'andalou et le castillan soient des vari�t�s d'une m�me langue, mais il ne convient s�rement pas d'affirmer que seul le castillan est une langue, l'andalou �tant rel�gu� au �dialecte�. Un linguiste ne peut souscrire � ce genre de jugement de valeur. Il faut savoir que dans les questions linguistiques tout peut devenir politique. L'andalou serait une langue distincte du castillan s'il �tait d�clar� langue officielle du sud de l'Espagne, tout comme c'est le cas du catalan en Catalogne et du valencien au Pays valencien, ou encore du croate en Croatie, du serbe en Serbie, du mont�n�grin au Mont�n�gro, du bosniaque en Bosnie-Herz�govine, qui sont devenus politiquement des langues distinctes tout en �tant, au plan strictement linguistique, des vari�t�s d'une m�me langue. Bref, tout d�pend du statut politique! Politiquement, ce sont des langues distinctes, linguistiquement, des vari�t�s linguistiques! Il en serait ainsi de l'andalou et du castillan.   

En Andalousie, les classes moyennes urbaines (majoritaires dans la r�gion) sont bilingues; elles peuvent  s'exprimer oralement en andalou, tout en employant le castillan � l'�crit en tant que langue de la culture et de la litt�rature. La haute bourgeoisie andalouse s'exprime en castillan, tant � l'oral qu'� l'�crit, en employant cette langue comme une caract�ristique de distinction sociale. Les agriculteurs, �leveurs, paysans et, en g�n�ral, ceux qui vivent dans les milieux populaires, s'expriment g�n�ralement dans la vari�t� andalouse plut�t que castillane. Leur scolarisation est souvent tr�s pr�caire et leur ma�trise de l'�criture en castillan demeure parfois rudimentaire.

Selon diverses �tudes, l'andalou est �galement � l'origine de diverses vari�t�s de l'espagnol en Am�rique latine, sp�cialement celui des zones c�ti�res qui ont �t� les plus expos�es au contact du sud de la P�ninsule espagnole. Rappelons que c'est en Andalousie qu'ont pris naissance plusieurs �v�nements ayant influenc� la plupart des hispanophones des Am�riques.

2.5 L'andalou dit standard

Il existe n�anmoins un �andalou standard� (andaluz est�ndar) employ� surtout par les �tudiants et les enseignants, les politiciens et d'autres groupes sociaux influenc�s par le syst�me scolaire et l'administration locale. Cet andalou est � un mi-chemin entre le castillan et l'andalou traditionnel.

Andalou standard Castillan Fran�ais
La pozteri� konkihta kahteyana okazion� ke ambah ablah (la kahteyana i la andaluza) no diberhieran zino ke ze enkontraran, por lo ku� oi en d�a no zuelen zer konzider�h lenguaz dihtintah. La conquista castellana ocasion� que ambas hablas (la castellana y la andaluza) no divergieran sino que se encontraran, por lo cual hoy en d�a no suelen ser consideradas lenguas distintas. La conqu�te castillane a entra�n� deux parlers (le castillan et l'andalou) qui ne divergent pas, mais se sont rencontr�s; c'est pourquoi de nos jours ils ne sont pas consid�r�s comme des langues distinctes.

� l'�crit, l'andalou est transcrit � partir du syst�me appel� "NOA" (Norma Ortogr�fica Andaluza : norme orthographique andalouse, tr�s diff�rente de l'orthographe castillane), laquelle est bas�e sur l'andalou de S�ville, notamment utilis�e pour les chansons populaires, le flamenco ou pour toutes les occasions dans lesquelles il est possible de refl�ter la fa�on particuli�re de parler du peuple andalou. Pour nombre de Castillans, le syst�me orthographique de l'andalou actuel ne correspondrait qu'� une forme �capricieuse� et �invent�e� de l'�espagnol mal parl�. Il serait impossible d'enseigner l'�criture de mani�re diff�rente du castillan. On n'en sort pas! Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage...  En r�alit�, cette fa�on de repr�senter la langue comme de �l'espagnol mal parl� n'est ni scientifiquement valable ni culturellement acceptable.

Il est possible que l'andalou obtienne un jour un statut plus valorisant parce qu'il s'agit d'un idiome r�pandu et caract�ris� par des traits sp�cifiques. Mais il faudra sans doute attendre que les �dinosaures� qui, jusqu'ici, ont emp�ch� cette �promotion� ne puissent plus utiliser leur rapport de forces. De tels propos sont consid�r�s �videmment par les Andalous pro-castillan comme une h�r�sie choquante, qui tiendrait de la folie furieuse, mais pour les nationalistes pro-andalou il s'agirait d'une perspective normale. De toute fa�on, ce sera aux Andalous de d�cider du sort de leur "modalidad ling��stica" s'ils veulent en faire une langue ("lengua andaluza"). Mais aussi longtemps que les Andalous parleront andalou et �criront en castillan, l'andalou demeurera sans statut; et pour l'�crire, il faut l'enseigner dans les �coles, l'administration, la justice, etc. 

Il n'existe pas de statistiques officielles sur le nombre des locuteurs de l'andalou, mais on estime qu'environ 20 % des habitants de la Communaut� autonome pourraient parler l'andalou comme langue maternelle et usuelle. Les autres parleraient le castillan et un certain nombre de langues immigrantes (portugais, arabe, berb�re, etc.). 

2.6 La langue tsigane (gitane)

L'Andalousie compte sur son territoire un grand nombre de Tsiganes, appel�s plus souvent �Gitans� ("Gitanos") en Espagne. On emploie aussi les expressions Pueblo Gitano (�peuple gitan�) et comunidad gitana (�communaut� gitane�) pour d�signer les Tsiganes espagnols. La langue parl�e ("el idioma gitano") par les Tsiganes est appel�e le roman� en espagnol (�tsigane� ou �rom� en fran�ais). On compte environ 600 000 Tsiganes ou Gitans dans toute l'Espagne, dont 270 000 en Andalousie, ce qui repr�sente 45 % de la population gitane du pays, mais seulement 3,6 % de la population totale des Andalous. 

3 Bref historique

L'Andalousie porte les traces de la pr�sence humaine d�s l��poque du n�olithique. La r�gion c�ti�re, en particulier celle du Bas-Guadalquivir, fut colonis�e par les Ph�niciens vers le xiie si�cle avant notre �re. Ceux-ci donn�rent � la r�gion le nom de �Tarsis� et fond�rent de nombreux comptoirs : Bartulos (aujourd�hui, Almer�a), Gad�s (aujourd�hui Cadix), Hispalis (aujourd�hui S�ville), Oruba (aujourd�hui Huelva). Par la suite, les Carthaginois succ�d�rent aux Ph�niciens, au vie si�cle avant notre �re, et impos�rent leur h�g�monie sur l�Andalousie. Ils en firent la plus riche province de leur empire, soit entre le vie si�cle et le IIe si�cle avant notre �re.

3.1 L'Andalousie romaine (B�tique)

L'Espagne (ou l'Hispania) fut conquise par les Romains en 206 avant notre �re, apr�s la bataille de Zama. Ceux-ci cr��rent trois provinces qu'ils nomm�rent la B�tique (Baetica), l'actuelle Andalousie, la Tarraconaise (Tarraconesis) et la Lusitanie (Lusitania), l'actuel Portugal. La B�tique tirait son nom du fleuve Betis, aujourd'hui appel� Guadalquivir. Les Romains install�rent la capitale de la province � Cordoue (en latin: Corduba). La romanisation de l'Andalousie fut si intense qu'elle donna � Rome des personnalit�s comme Trajan, Hadrien, Th�odose, S�n�que et Lucain.

Le christianisme fit son apparition au IVe si�cle, mais depuis un certain temps, le processus de romanisation linguistique fut particuli�rement intense en Andalousie. Tr�s t�t, les Andalous assimil�rent les usages, les coutumes et la langue latine. La �paix romaine� dura quatre si�cles dans la P�ninsule.

Au d�but du ve si�cle, l�Andalousie fut envahie par les Vandales qui lui donn�rent le nom de Vandalusia, lequel se transforma au cours des si�cles en Andalousia. Mais les Vandales furent vite chass�s par un autre conqu�rant germanique, les Wisigoths, qui occup�rent l�Andalousie d�s 429. Les Wisigoths laiss�rent leur marque dans la langue andalouse par des apports lexicaux germaniques.

3.2 L'Andalousie arabe

Par la suite, les Wisigoths furent chass�s � leur tour en 711 par les Maures lors du d�barquement � Tarifa. Ces conqu�rants install�s d'abord au sud de la P�ninsule n'�taient pas des Arabes, mais des Berb�res islamis�s venus du Maroc. Au d�but de la conqu�te, les Arabes furent tr�s peu nombreux comparativement aux Espagnols et aux Berb�res, car les troupes maures �taient constitu�es de guerriers berb�res, alors que seuls les chefs et les officiers �taient arabes. 

- La fragmentation linguistique de l'Espagne

Puis le califat de Cordoue (viiie-xe si�cle), fond� en 756, connut son apog�e sous Abd al-Rahmān III (912-961). � partir du XIe si�cle, l'Espagne, plus particuli�rement l'Andalousie, vit d�ferler une arriv�e massive d'Arabes, notamment avec la dynastie des Almoravides, puis des Almohades qui r�gn�rent sur l'Al-�ndalus � partir de cette �poque.

L�Andalousie devint en Europe le centre de la civilisation musulmane et arabe, avec Grenade, Cordoue, S�ville et Ja�n, qui furent de brillants foyers de la culture islamique. D�s lors, le sud de l'Espagne connut une forte arabisation, certainement avec l'immigration et l'influence du Coran, le livre sacr� de la nouvelle religion, qui devait �tre lu ou r�cit� en arabe.

L'arriv�e des Arabes entra�na la rupture d'une certaine uniformit� linguistique et culturelle de la p�ninsule Ib�rique et favorisa la fragmentation linguistique. En effet, l'occupation favorisa la dispersion et le repli des chr�tiens vers le nord et � le morcellement du latin d'origine, qui se fragmenta en castillan, en andalou, en catalan, en navarrais, en aragonais, en asturo-l�onais, etc. Les zones les plus arabis�es ont �t� l'Andalousie et le centre de l'Espagne jusqu'� la vall�e de l'�bre au nord-est, qui ont constitu� la r�gion appel�e Al-�ndalus par les conqu�rants.

La coexistence dans cette r�gion entre les nouveaux habitants et la population autochtone a provoqu� d'importants �changes linguistiques. En devenant la langue officielle et la langue de culture, l'arabe impr�gna, entre autres, la langue de la population andalouse.
 

Durant l'occupation arabe, le sud de la P�ninsule connut au moins cinq langues principales, l'arabe, le castillan, le mozarabe, l'andalou et le latin. La langue arabe �tait avant tout employ�e par l'Administration du calife, ainsi que par les colons et soldats en provenance de l'Afrique et de l'Arabie. Mais l'arabe devint progressivement ce qu'on appellerait aujourd'hui �la langue des affaires� en Espagne: Arabes, Mozarabes, chr�tiens et juifs finirent par adopter l'arabe comme langue �crite et v�hiculaire.

Le castillan �tait utilis� par l'aristocratie et la bourgeoisie espagnole, ainsi que par les grands commer�ants. Le latin demeurait la langue de l'�glise catholique, encore toute puissante en Espagne; c'�tait un symbole distinctif en terre d'islam ib�rique. C'�tait la langue de la liturgie, de l'enseignement � l'usage du clerg�, de la copie des manuscrits, des inscriptions fun�raires, etc. Par ailleurs, beaucoup d'Espagnols (fonctionnaires, serviteurs, soldats, commer�ants, artisans, etc.), gravitant autour des autorit�s arabes ou du califat, furent arabis�s, mais non islamis�s. Ce sont les Mozarabes. Ces chr�tiens (habill�s comme des Arabes) parlaient une langue romane appel�e aljam�a ou mozarabe, et �crite en alphabet arabe.

Le mot �Ajam� �tait utilis� pour d�signer ceux que les Arabes consid�raient comme des ��trangers�, voire des rivaux; les Mozarabes �taient de �faux Arabes� pour les Arabes, et des �tra�tres� pour les Castillans; alors que les Arabes les consid�raient comme des chr�tiens, les Castillans voyaient en eux des Arabes.

Dans tout le Sud, on parlait des langues mozarabes parce qu'il y en avait plusieurs vari�t�s. Par exemple, on distingue le �castillan moz�rabe�, qui se divisait lui-m�me en de nombreuses sous-vari�t�s, le �catalan moss�rab� et le �portugais mo��rabe�. Ces Mozarabes �taient consid�r�s par les Arabes comme une communaut� repli�e sur elle-m�me, imperm�able � toute influence de l'islam, mais en r�alit� ils �taient plus �r�ceptifs� aux autres cultures que les Castillans. Le reste de la population, surtout des paysans, mais aussi des p�cheurs et des explorateurs, parlaient ce qui allait devenir l'andalou.

Au d�but du xie si�cle, le royaume cordouan fut divis� en plusieurs principaut�s mauresques ind�pendantes (Cordoue, S�ville, Ja�n et Grenade). Ce d�membrement de la r�gion favorisa la fameuse �reconqu�te� (Reconquista) de l'Espagne chr�tienne.

Au xiiie si�cle, apr�s la d�faite de Las Navas de Tolosa (1212), les chr�tiens espagnols reprirent Cordoue (1236), Ja�n (1246), S�ville (1248), J�rez et Cadix (1250). Seul subsista le royaume de Grenade qui connut pendant deux si�cles une grande civilisation.

Le Royaume de Grenade �tait le dernier �tat musulman dans la p�ninsule Ib�rique. Les sultans de Grenade r�ussirent � freiner la Reconquista jusqu'aux derni�res d�cennies du XVe si�cle. Dans le Royaume de Grenade vivait une population diversifi�e form�e de descendants d'Arabes syriens, de Berb�res, d'Espagnols convertis � l'islam, de mozarabes ou de chr�tiens arabis�s et de juifs. Accul� � la mer, cet �tat devint intol�rant par instinct de survie. La soci�t� dominante devint monoculturelle, avec une seule religion (l'islam), une seule langue (l'arabe), un seul royaume (Grenade). Les autorit�s religieuses cherch�rent l'islamisation compl�te des individus habitant le Royaume de Grenade. Au cours de cette derni�re p�riode, beaucoup de chr�tiens quitt�rent le territoire pour se r�fugier dans le Nord �en terre chr�tienne�.

3.3 La Reconqu�te espagnole

En 1492, la prise de Grenade par les Rois Catholiques, Ferdinand II d�Aragon et Isabelle Ire de Castille (voir le tableau de Francisco Pradilla y Ortiz ci-dessous), chassa d�finitivement les Arabes de la p�ninsule. La capitulation de Grenade constitua la fin de l'occupation musulmane en Espagne et en m�me temps que celle de la Reconquista. Boabdil, d�formation castillane de Ab� Abdil-lah, fut le dernier roi maure de Grenade; il remit les cl�s de la ville apr�s sa capitulation � Isabelle de Castille et � Ferdinand d'Aragon. Il �tait connu aussi sous le nom de El Moro, �le Maure�.

D�s lors, l�Andalousie fut rattach�e au royaume d�Espagne. S�ville devint le principal port espagnol pour les voyages avec le Nouveau Monde, car il �tait le seul a avoir le droit de commercer avec les Am�riques. Comme la reconqu�te de l'Andalousie occidentale avait commenc� au XIIIe avec Fernando III en 1236 et que celle de l'Andalousie orientale et du royaume de Grenade n'eut lieu qu'en 1492, l'hispanisation de l'Andalousie s'est produite de mani�re progressive tout au long de plus de deux si�cles. Ces �v�nements furent � l'origine des diff�rences linguistiques significatives (sp�cialement phon�tiques) dans l'�volution de la langue dans les deux zones de l'Andalousie (occidentale et orientale). La langue mozarabe disparut apr�s la Reconqu�te espagnole. Ce que la conqu�te arabe n'avait pu faire, c'est-�-dire l'assimilation des masses andalouses, les Rois Catholiques ont r�ussi � le faire en grande partie. Auparavant, vers 1460, les premiers Gitans sont arriv�s en Andalousie et ils se sont rapidement li�s aux nobles en se rendant indispensables pour les entreprises guerri�res, les travaux de forge et le dressage des b�tes de somme.

En 1704, l'Espagne perdit Gibraltar au profit de la Grande-Bretagne. Au cours du XVIIIe si�cle, les autorit�s espagnoles se mirent � pers�cuter  les Gitans qui refusaient de se s�dentariser et de s'assimiler; ils furent souvent associ�s � des criminels. Une nouvelle constitution fut promulgu�e, le 12 mars 1812, � Cadix. En 1936, la guerre civile espagnole �clata et l'arm�e de Francisco Franco, soutenue par des troupes italiennes, s'empara de Malaga, le 8 f�vrier 1937.  Des navires allemands bombard�rent Almer�a le 31 mai 1937 pour soutenir Franco. Les diverses langues parl�es par les Espagnols autres que le castillan (catalan, basque, aragonais, andalou, etc.) furent pourchass�es et interdites dans la vie publique jusqu'� la mort de Franco en 1975. Durant des d�cennies, soit depuis au moins les ann�es vingt, les journaux ont fait des campagnes �de bon parler� (''cruzada del bien hablar'') afin de valoriser le castillan aux d�pens de l'andalou. Cette d�valorisation de l'andalou a profond�ment marqu� la population locale pendant des g�n�rations. Bref, parler andalou �tait honteux!

3.4 La Communaut� autonome

En 1982, l'Andalousie obtint son Statut d'autonomie (Estatuto de Autonomia para Andalucia) dans le cadre la nouvelle Constitution espagnole de 1978, mais c'est le castillan qui fut choisie comme unique langue officielle, l'andalou �tant consid�r� comme un simple �dialecte de l'espagnol�. Le gouvernement autonome n'a jamais reconsid�r� cette question sous un autre angle. En 1998, la Communaut� autonome d�Andalousie a d�cid� de mettre en �uvre une politique de d�veloppement d�enseignement bilingue dans les �coles publiques en introduisant plusieurs langues �trang�res. Un nouveau Statut d'autonomie est en vigueur depuis f�vrier 2007. Cette fois-ci, l'article 37 de la la loi organique tient compte de la protection, de la promotion et de l'enseignement de la vari�t� linguistique (modalit� linguistique) andalouse dans toutes ses expressions. Certes, ce n'est pas encore �norme, mais c'est un pas dans la bonne direction.

3 La politique linguistique

Le Statut d'autonomie de 1982 (aujourd'hui abrog� par celui de 2007) ne proclamait aucune langue officielle particuli�re, ce qui impliquait que, en fonction de l'article 3 de la Constitution espagnole, le castillan demeurait la seule langue officielle de l'Andalousie: �Le castillan est la langue espagnole officielle de l'�tat. Tous les Espagnols ont le devoir de le conna�tre et le droit de l'utiliser.�  Seul l'article 3 du Statut d'autonomie de 1982 faisait allusion � la langue pour pr�ciser que la Communaut� autonome devait �affermir la conscience de l'identit� andalouse gr�ce � l'�tude, la diffusion et la connaissance des valeurs historiques, culturelles et linguistiques du peuple andalou dans toute leur richesse et leur vari�t�:

Estatuto de Autonomia, 1982 (abrogato)

Art�culo 12

[...]

3) Para todo ello, la Comunidad Aut�noma ejercer� sus poderes con los siguientes objetivos b�sicos:

[...]

2o El acceso de todos los andaluces a los niveles educativos y culturales que les permitan su realizaci�n personal y social.

Afianzar la conciencia de identidad andaluza a trav�s de la investigaci�n, difusi�n y conocimiento de los valores hist�ricos, culturales y ling��sticos del pueblo andaluz en toda su riqueza y variedad.

Statut d'autonomie de 1982 (abrog�)

Article 12

[...]

3) Par cons�quent, la Communaut� autonome exercera ses pouvoirs en tenant compte des objectifs fondamentaux suivants:

[...]

2o L'acc�s de tous les Andalous aux niveaux �ducatifs et culturels qui leur permettent leur r�alisation personnelle et sociale.

Affermir la conscience de l'identit� andalouse gr�ce � l'�tude, la diffusion et la connaissance des valeurs historiques, culturelles et linguistiques du peuple andalou dans toute leur richesse et leur vari�t�.

Bref, l'Andalousie n'avait pas de langue co-officielle, mais avait obligatoirement, par d�faut, le castillan qui est la langue officielle de l'�tat espagnol. En ce qui a trait � l'identit� andalouse et � ses richesses linguistiques, le gouvernement autonome n'a pratiquement rien fait � ce chapitre. De plus, il y a toujours eu des opposants. P�riodiquement, des d�put�s demandent que l'andalou soit reconnu et utilis� officiellement dans les moyens de communication pour �viter notamment la discrimination dont souffrent les Andalous dans leur fa�on de parler. Comme on peut s'y attendre, toutes les propositions du genre ont �t� rejet�es, car les politiciens nient g�n�ralement l'existence d'une telle discrimination.

Le nouveau Statut d'autonomie ("Estatuto de Autonomia") de 2007 pr�voit dans son article 10 des objectifs de base, dont certains aspects linguistiques et culturels au paragraphe 3 (alin�as 2, 3, 4, 17, 18 et 21):

Article 10

Les objectifs fondamentaux de Communaut� autonome

1)
La Communaut� autonome d'Andalousie doit favoriser les conditions pour faire en sorte que la libert� et l'�galit� des individus et des groupes auxquels ils appartiennent soient int�gr�es de fa�on r�elle et effective; elle doit supprimer les obstacles qui emp�chent ou entravent leur �panouissement et promouvoir la qualit� de la d�mocratie en facilitant la participation de tous les Andalous � la vie politique, �conomique, culturelle et sociale. � cette fin, elle doit adopter toutes les mesures positives qui pourraient �tre n�cessaires.

2) La Communaut� autonome doit favoriser l'�galit� effective des hommes et des femmes andalouses, promouvoir la d�mocratie paritaire et la pleine int�gration dans la vie sociale, en surmontant toute discrimination au travail, au point de vue culturel, �conomique, politique ou social.

3) Pour ce faire, la Communaut� autonome, dans l'int�r�t g�n�ral, exercera ses pr�rogatives avec les objectifs fondamentaux suivants:

[...]

2� L'acc�s de tous les Andalous � l'�ducation permanente et de qualit� afin de permettre leur �panouissement personnel et social.

3� Le renforcement de la conscience de l'identit� et de la culture andalouses au moyen de la connaissance, de la recherche et de la diffusion du patrimoine historique, anthropologique et linguistique.

4� La d�fense, la promotion, l'�tude et le prestige de la vari�t� linguistique andalouse dans toutes ses expressions.

17� L'int�gration sociale, �conomique, professionnelle et culturelle des immigrants en Andalousie.

18� L'expression du pluralisme politique, social et culturel de l'Andalousie par le biais de tous les moyens de communication.

21� La promotion des conditions n�cessaires pour la pleine int�gration des minorit�s et en particulier de la communaut� gitane pour sa pleine int�gration sociale.

Le Statut contient un nouvel article 213

Art�culo 213 (2007)

Reconocimiento y uso de la modalidad ling��stica andaluza

Los medios audiovisuales p�blicos promover�n el reconocimiento y uso de la modalidad ling��stica andaluza, en sus diferentes hablas.

Article 213 (2007)

Reconnaissance et usage de la vari�t� linguistique andalouse

Les m�dias audiovisuels publics favoriseront la reconnaissance et l'usage de la vari�t� linguistique andalouse, dans ses diff�rentes expressions.

Cette r�forme du Statut d'autonomie avait �t� adopt�e par les deux principaux partis politiques (le PSOE, le Parti socialiste ouvrier espagnol, et le PP, le Parti populaire) qui s'�taient mis d'accord sur le texte; le Parlement r�gional et le Parlement national (Cortes de Madrid) ont ensuite ent�rin� le nouveau Statut. Le 18 f�vrier 2007, un r�f�rendum s'est tenu en Andalousie et le OUI l'a emport� avec 87,4 % des voix, malgr� une importante abstention (sur six millions d'�lecteurs inscrits, seuls 36 % sont all�s voter), le r�sultat paraissant acquis d'avance.

Contrairement au Statut d'autonomie de la Catalogne, qui avait fait l'objet d'une vive controverse (en juin 2006), le nouveau Statut d'autonomie de l'Andalousie a recueilli la quasi-unanimit� parmi les intervenants politiques locaux, � l'exception d'un parti r�gionaliste minoritaire (le PA, Partido Andalucista ou Parti andalousiste). Cependant, ce nouveau Statut ne proclame pas d'avantage de langue co-officielle, l'andalou �tant toujours consid�r� comme une �modalit� linguistique� ou plus pr�cis�ment une �vari�t� linguistique�. Le nouveau Statut est entr� en vigueur le 20 mars 2007 par la Loi organique 2/2007 du 19 mars sur la r�forme du Statut d'autonomie pour l'Andalousie (Ley Org�nica 2/2007, de 19 de marzo, de reforma del Estatuto de Autonom�a para Andaluc�a).  

La d�nomination officielle pour d�signer le gouvernement autonome est la Junta de Andaluc�a (en fran�ais: Junte d'Andalousie), ce qui �quivaudrait � un �Ex�cutif gouvernemental�. Selon les dispositions du Statut d'autonomie de 2007 (chapitres III et IV), la Junte d'Andalousie est compos�e du pr�sident ("Presidente"), de plusieurs vice-pr�sidents ("Vicepresidentes") et de �conseillers� ("Consejeros�) �quivalant � la fonction de �ministres�. Le pr�sident est �lu par le parlement d'Andalousie, mais nomm� par le roi d'Espagne. Le terme de �Junte� ("Junta") d�signait auparavant certaines institutions propres � l'ancienne monarchie espagnole.

� l'instar des autres Communaut�s autonomes, l'Andalousie utilise les termes Conseller�a (ancien fran�ais: �conseillerie�) et consejero / consejera (fr. �conseiller / conseill�re�) servent � d�signer les minist�res et les ministres de la Junte d'Andalousie. On peut, en fran�ais, employer l'expression �ministre-conseiller� (ou �ministre-conseill�re�), voire simplement �ministre�, pour rendre compte ad�quatement du terme consejero / consejera ; le terme fran�ais �conseiller� correspond mal � la fonction d�volue aux conselleiros / conselleiras en Espagne, car ces postes n'ont rien � voir avec une �personne qui donne des conseils� � conseiller juridique, conseiller d'orientation, etc. � ou qui fait partie, par exemple, d'un conseil municipal. De plus, le mot vicepresident (fr. �vice-pr�sident�) sert d'�quivalent � �premier ministre�. En Espagne, les termes ministerio (fr. �minist�re�) et ministro / ministra (fr. �ministre�) d�signent les minist�res et les ministres du gouvernement central, et non ceux des Communaut�s autonomes; le premier ministre du gouvernement espagnol est d�sign� par l'expression Primer ministro (fr. �premier ministre�).  

Dans l'organisation politique des anciens royaumes d'Espagne, notamment sous le r�gime de la monarchie absolue, il existait des �conseils� (consejeros) ou assembl�es (juntas) dot�es de �commissions� particuli�res. Dans l'Espagne contemporaine de 1978, certaines Communaut�s autonomes, dont l'Adalousie, ont repris ce terme de �Junte� pour d�signer l'ensemble de leurs institutions, notamment le gouvernement et le Parlement. On dit aussi simplement �la Junta�.

3.1 La justice

Aucune loi r�gionale ne fait une quelconque allusion � la langue des tribunaux. Quoi qu'il en soit, l'andalou n'est jamais utilis� dans les cours de justice d'Andalousie. �tant donn� que le castillan est la langue officielle et que tous les citoyens connaissent cette langue, seul le castillan est employ�. Les seuls documents �crits et d�pos�s � la cour doivent �tre r�dig�s en castillan. On ignore quelle est la proportion du personnel qui pourrait savoir utiliser l'andalou dans une cour de justice.

3.2 Les services publics

En ce qui concerne les services gouvernementaux du pouvoir central, l'Administration s'en tient aux dispositions constitutionnelles qui d�clarent que le castillan est la langue officielle. Lorsqu'un citoyen fait parvenir une lettre en andalou dans un bureau du gouvernement central, l'Administration se contente de retourner le document sans m�me y r�pondre. La m�me politique est appliqu�e pour l'Administration autonome.  Les seuls fonctionnaires qui connaissent l'andalou sont originaires de la Communaut� autonome. � l'oral, ces fonctionnaires peuvent occasionnellement r�pondre en andalou si le citoyen y a recours.

3.3 L'�ducation

Compte tenu de la l�gislation espagnole en vigueur, les �coles publiques d'Andalousie sont dans l'obligation de dispenser un enseignement en castillan. Il n'existe donc aucune �cole dispensant un enseignement en andalou. De plus, dans toutes les �coles, on n'enseigne que la langue et l'histoire de l'Espagne, en ignorant compl�tement l'histoire et la culture particuli�res de l'Andalousie.

L'article 13 de la loi 1/1990 du 3 octobre sur la r�glementation g�n�rale du syst�me d'�ducation (loi de l'�tat espagnol) pr�cise que l'�ducation primaire doit contribuer � d�velopper chez l'enfant l'usage de de mani�re appropri�e de la langue castillane et la langue officielle propre � la Communaut� autonome. Comme l'Andalousie n'a pas d'autre langue officielle, c'est n�cessairement le castillan:

Article 13

L'�ducation primaire contribuera � d�velopper chez les enfants les capacit�s suivantes :

a) Utiliser de mani�re appropri�e la langue castillane et la langue officielle propre � la Communaut� autonome.

b) Comprendre et exprimer des messages simples dans une langue �trang�re.

Cependant, des cours de langues �trang�res (notamment en anglais, en fran�ais et en allemand) sont donn�s dans de nombreuses �coles, surtout depuis 1998. Il s'agit d'une politique d�enseignement bilingue et multilingue. Au d�but, une trentaine d��tablissements scolaires du premier et second cycles du primaire ont tent� l'exp�rience. Puis le gouvernement andalou a �tendu ce genre de pratique dans plus de 400 �tablissements scolaires, le tout �chelonn� sur quatre ann�es, en diversifiant les langues secondes (allemand, anglais, fran�ais, etc.), ce qui correspondait aux recommandations du Conseil de l�Europe et de la Commission europ�enne visant � d�velopper chez les �l�ves des comp�tences multilingues. En avril 2006, le gouvernement local a adopt� une ordonnance (11 avril 2006) destin�e � accorder des prix pour les �coles qui proposeraient des programmes scolaires assurant la promotion du multilinguisme, ce qui n'inclut m�me pas l'andalou. Les programmes scolaires auxquels renvoie cette ordonnance doivent �tre orient�s dans leur application, de pr�f�rence, vers les �tablissements bilingues autoris�s par le d�partement de l'�ducation de la Junte d'Andalousie.

En Andalousie, il existe une diglossie g�n�ralis�e chez ceux qui parlent l'andalou comme langue maternelle. Cette diglossie est du type appel� �orthographique� ("ortogr�fico"), c'est-�-dire que la population s'exprime dans une langue (l'andalou), alors qu'elle re�oit son instruction et �crit dans une autre (le castillan). Cette situation provoque quantit� de probl�mes linguistiques en compliquant le processus d'apprentissage scolaire, ce qui entra�ne une qualit� inf�rieure en �ducation, cr�e un fort complexe d'inf�riorit� et fait que plus de la moiti� des �l�ves andalous terminent avec un ma�trise incorrecte de l'�criture espagnole.

S�ville (photo: Michel Leclerc)

S�ville (photo: Michel Leclerc)

5.4 Les m�dias

Tous les quotidiens et la plupart des magazines publi�s en Andalousie sont en castillan, sinon ils sont en anglais, en portugais ou en arabe. Les grande villes de l'Andalousie, tells que S�ville (Diario de Sevilla), Malaga (Diario de M�laga), Cadiz (Diario de C�diz), Jerez (Diario de Jerez), Cordoue (El Dia de Cordoba), Almeria (Diario de Almer�a), etc., ont toutes leur quotidien en castillan. La radio et la t�l�vision nationale (Televisi�n Espa�ola) ne diffusent qu'en castillan. Cependant, certaines stations locales �mettent partiellement en andalou, surtout pour des �missions musicales.

� l'heure o� la plupart des �tats d'Europe ont adopt� la Charte europ�enne des langues r�gionales et minoritaires, il para�t plut�t insolite que des citoyens espagnols, comme en Andalousie, s'opposent encore � sauvegarder des langues minoritaires sur leur territoire.  Le discours des opposants fait penser � celui des Am�ricains devant l'espagnol: ils craignent, eux aussi, de voir appara�tre le spectre de la tour de Babel!

Du point de vue de la politique linguistique, la Communaut� autonome d'Andalousie a encore beaucoup de chemin � parcourir, car la situation actuelle para�t quelque peu anachronique. Il n'est pas normal que, dans un pays aussi d�mocratique que l'Espagne, des membres des minorit�s nationales aient � subir des traitements diff�rents selon qu'ils habitent l'Andalousie, les Asturies, l'Aragon, la Catalogne ou le Pays basque. Il existe encore un bon nombre de politiciens espagnols du pouvoir central qui ne peuvent supporter un seul instant que des langues comme l'andalou (ou l'asturien aux Asturies ou l'aragonais en Aragon) b�n�ficient d'un statut de co-officialit�; ils en ont d�j� pleins les bras avec le catalan, le basque et le galicien! C'est pourquoi ils font tout pour nuire � la normalisation et � l'officialit� de l'andalou, de l'asturien ou de l'aragonais.

De toute fa�on, le gouvernement andalou n'a jamais fait d'efforts pour m�me tenter de revaloriser l'andalou. Il a toujours �t� extr�mement timor� devant les partisans oppos�s � toute officialisation de l'andalou. Ce n'est pas avec une ordonnance sur l'attribution de prix dans les programmes scolaires qu'on va r�pandre l'usage de cette langue. N�anmoins, un statut de co-officialit� de l'andalou ne saurait r�soudre toutes les difficult�s, car c'est une langue faible et sans prestige. Il faudrait aussi que le gouvernement autonome fasse tous les efforts pour transposer dans la pratique ce m�me statut et que les citoyens jouent le jeu. Pour ce faire, il faut r�ussir � changer les mentalit�s de la majorit�, ce qui n'est pas une mince t�che, et ce, d'autant plus que la politique de non-intervention � l'�gard de l'andalou fait l'affaire de bien de gens nantis. Pour le moment, la politique linguistique de la Communaut� andalouse correspond � la fois � une politique de non-intervention � l'�gard de l'andalou et � une politique de plurilinguisme dans l'enseignement des langues �trang�res. On est loin de la politique linguistique pratiqu�e en Catalogne!    

Derni�re mise � jour: 18 f�vr. 2024
   

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