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Les politiques linguistiques
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Les politiques linguistiques
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1 Les deux tendances des politiques linguistiques
Les �tats pr�sentent des politiques linguistiques relativement homog�nes, malgr� deux tendances apparemment diff�rentes qui �mergent au sein de la soci�t� am�ricaine. Il y a les Am�ricains qui croient que l'anglais est menac� dans ce pays et il y a ceux qui disent promouvoir les richesses des diff�rentes cultures et qui soutiennent le multilinguisme aux �tats-Unis.
Les partisans de l�unilinguisme anglais sont les plus nombreux. Il sont appuy�s par de puissants et riches groupes de pression tels que US English (1983), English Only (1983), English First (1986), ProEnglish (1994), etc., lesquels ont entrepris un combat politique pour promouvoir l'unilinguisme officiel. L'anglais serait en danger, selon un repr�sentant d'US English, le groupe le plus hispanophobe, qui accusait ainsi les minorit�s en 1990 dans le Wall Street Journal : �L'anglais est menac� aux �tats Unis [...] par des chefs de minorit�s ethniques dynamiques et puissants qui sont financ�s en bonne partie par notre propre gouvernement f�d�ral.� La guerre entreprise a port� fruit, car 29 �tats, presque tous entre 1984 et 2003, ont modifi� leur l�gislation pour prot�ger l'anglais. Ils ont aussi adopt� des lois prot�geant l'anglais et garantissant sa pr�pond�rance dans l'administration de l'�tat, les tribunaux, les �lections, l'acc�s aux professions, les permis de conduire, etc.
Dans le domaine scolaire, c'est l'Education Code de la Californie qui d�crit le mieux cette politique : �L'�tat a pour politique de s'assurer que tous les �l�ves des �coles ma�trisent l'anglais. la condition que l'enseignement bilingue soit dispens� dans les situations o� il est jug� avantageux pour les �l�ves, l'enseignement bilingue est autoris� dans la mesure o� il ne nuit pas au programme r�gulier de formation en langue anglaise de tous les �l�ves.� L'enseignement bilingue est donc autoris�, sur une base temporaire, afin que les non-anglophones puissent poursuivre leur instruction uniquement en anglais.
Les partisans du multilinguisme sont peu nombreux et ce sont essentiellement des universitaires regroup�s autour de l'organisation English Plus, ainsi que chez de nombreux hispanophones d�mocrates, �lus municipaux et dirigeants d'entreprises. Ceux-ci per�oivent le mouvement US English comme une attaque contre la d�mocratie et visant � rendre ill�gales toutes les langues autres que l'anglais. Jusqu'ici, seuls les �tats du Rhode Island (1992), du Nouveau-Mexique (1989), de l'Oregon (1989) et de Washington (1989) ont pr�f�r� la politique d'English Plus. Pour le linguiste James Crawford, un r�put� sp�cialiste de la question (At War with Diversity: U.S. Language Policy in an Age of Anxiety, 2000), les allophones ne deviendront pas de �meilleurs citoyens� ni des �Am�ricains plus purs� en d�cr�tant une langue officielle. Une telle attitude ouvrirait plut�t toutes grandes les portes la chasse aux sorci�res linguistique. En r�alit�, toute campagne destin�e officialiser l'anglais aux �tats-Unis aurait aussi pour effet de cr�er un motif suppl�mentaire de tensions et de m�contentements ethniques.
Actuellement, le discours officiel est parsem� d'allusions la loyaut� envers l'anglais, une attitude per�ue comme �obligatoire� chez tout bon citoyen am�ricain. Vouloir pr�server sa langue et sa culture pour un allophone est consid�r� comme un acte �anti-am�ricain� et �anti-patriotique�. Selon ce point de vue, la diversit� des langues conduit forc�ment au conflit linguistique, la haine ethnique et au s�paratisme politique � la Qu�bec� (sic). Dans ces conditions, les Hispaniques sont tenus responsables de la balkanisation des �tats-Unis!
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Contrairement au gouvernement f�d�ral, de nombreux �tats am�ricains ont adopt�
l'anglais comme langue officielle. Plusieurs croient que l'anglais est menac�
dans ce pays. La pr�sence de fortes minorit�s hispanophones
(d�passant les 22 millions de locuteurs au pays) dans des agglom�rations importantes,
sans compter les blocs asiatiques (chinois, cor�ens, japonais, etc.), a conduit plusieurs
�tats � et un certain nombre de comt�s et de villes � � adopter des lois (ou des
r�glements) d�cr�tant l'unilinguisme anglais.
La carte de gauche identifie en rose les �tats ayant d�cr�t� l'anglais
comme langue officielle de l'�tat. Les �tats en jaune n'ont pas adopt� de
l�gislation formelle � cet effet. On peut consulter la r�partition de la population par �tat
et par langue officielle
en cliquant
ICI.
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3 Des organismes vou�s � la cause de l'anglais
N'�rigez pas de tour
de Babel en Am�riqueDes organismes tels que US English, English Only, English First et Save Our Schools (SOS) ont entrepris un v�ritable combat politique pour promouvoir l'unilinguisme officiel aux �tats-Unis et �viter d'�riger une tour de Babel en Am�rique. L'objectif principal est de faire proclamer l'anglais seule langue officielle dans les �tats afin que, par la suite, ils puissent l�gif�rer dans le domaine de la langue. Des affiches circulent aux �tats-Unis, comme celle de gauche qui clament: �Don't build Babel tower in America�, c'est-�-dire �N'�rigez pas de tour de Babel en Am�rique.� L'expression Tower of Babel est tr�s courante aux �tats-Unis et sert d'�pouvantail pour contrer toute autre langue que l'anglais. Pour beaucoup d'Am�ricain, la tour de Babel est une punition de Dieu. La Bible nous r�v�lerait que, dans un monde id�al, tout le monde parle une seule langue. En Am�rique, tous devraient parler l'anglais, car la langue commune et, en m�me temps, celle qui traduit le mieux l'h�ritage culturel du peuple am�ricain.
De fa�on g�n�rale, beaucoup d'Am�ricains, notamment dans les milieux politique et journalistique, croient que la diversit� des langues, c'est-�-dire le multilinguisme, conduit forc�ment au conflit linguistique, � la haine ethnique et au s�paratisme politique � la Qu�bec: �Language diversity inevitably leads to language conflict, ethnic hostility, and political separatism � la Qu�bec.�
Peter Brimelow, l'auteur de Alien Nation (1995), pr�cisait en 1990 que le Bureau du recensement avait rapport� pour la premi�re fois l'existence d'un nombre significatif d'Am�ricains �natifs� �g�s de cinq ans ou plus qui ne parlaient pas ou peu l'anglais. Entre 1990 et 2000, les locuteurs d'une langue autre que l'anglais aurait augment� de 40 %, ce qui implique 5,6 millions de personnes.
R�sidants des �tats-Unis �g�s de 5 ans et plus
1990
(en millions)2000
(en millions)Gain en %
(en dix ans)Population totale 230,5 262,4 13,8 % Parlant une autre langue que l'anglais
31,8 47,0 47,8 % Parlant l'anglais �moins que tr�s bien�
14,0 21,3 52,1 % Am�ricains n�s aux �tats-Unis 210,7 231,7 10,0 % Parlant une autre langue que l'anglais
16,2 21,5 32,7 % Parlant l'anglais �moins que tr�s bien�
4,0 5,6 40,0 % Am�ricains n�s � l'�tranger 19,8 30,7 55,1 % Parlant une autre langue que l'anglais
15,6 25,5
63,5 % Parlant l'anglais �moins que tr�s bien� 10,0
15,7 57,0 % Parmi les citoyens am�ricains n�s � l'�tranger, on noterait une nette �d�t�rioration� du nombre des locuteurs parlant l'anglais. Il s'agirait d'une augmentation de 63,5 % (autre langue) et de 57 % (moins que tr�s bien). Ces r�sultats sont per�us par beaucoup d'Am�ricains comme une v�ritable catastrophe pour l'int�gration sociale. On comptait 329 langues parl�es aux �tats-Unis lors du recensement de 2000.
� ce sujet, le point de vue de US English para�t tr�s clair: l'anglais est en danger aux �tats-Unis. Ainsi, par la voix du Wall Street Journal (avril 1988), un repr�sentant d�clarait: �L'anglais est menac� aux �tats-Unis [...] par des chefs de minorit�s ethniques dynamiques et puissants qui sont financ�s en bonne partie par notre propre gouvernement f�d�ral.� Et beaucoup d'Am�ricains croient en la v�racit� de ces propos. D'ailleurs, la liste des organismes qui appuient officiellement l'id�ologie d'US English est impressionnante: au moins 110 organismes dont de fort nombreux groupes allophones tels que l'American East European Ethnic Conference, l'American Ethnic Coalition, l'American Hungarian Federation, le Bulgarian National Front in the USA, la Croatian Fraternal Union of America, etc. La guerre entreprise par US English a s�rement port� fruit, car plusieurs �tats ont modifi� leur constitution pour �prot�ger l'anglais�.
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� la fin de 2007, on comptait 29 �tats am�ricains qui avaient adopt� l'anglais comme langue officielle. Il s'agit de l'Alabama (1990), de l'Arizona (1988), de l'Arkansas (1987), de la Californie (1986), de la Caroline du Nord (1987), de la Caroline du Sud (1987), du Colorado (1988), du Dakota du Nord (1987), du Dakota du Sud (1995), de la Floride (1988), de la G�orgie (1986 et 1996), d'Hawa� (1978), de l'Illinois (1969), de l'Indiana (1984), du Kentucky (1984), du Mississippi (1987), du Montana (1995), du Nebraska (1920), du New Hampshire (1995), du Tennessee (1984), de la Virginie (1981 et 1996), du Wyoming (1996), de l'Alaska (1998), du Missouri (1998), de l'Utah (2000), de New York (2001), de l'Iowa (2002), de l'Idaho (2007) et du Kansas (2007). |
Le seul �tat am�ricain � avoir adopt� deux langues officielles est Hawa� en 1978 (l'anglais et l'hawa�en); quand on sait que 1400 autochtones parleraient encore l'hawa�en et que 250 de plus de 60 ans disent l'utiliser � la maison, il n'y a pas de quoi pavoiser.
Le cas de la Louisiane est diff�rent. L'anglais a �t� d�clar� langue officielle en 1812 (art. 6 de la Constitution), ce qui a �t� suivi par un certain bilinguisme anglais-fran�ais (Const. de 1845 et 1852), mais la Constitution de 1864, d'inspiration tr�s nordiste, a supprim� toutes les dispositions juridiques en faveur du fran�ais et l'anglais resta ainsi la seule langue officielle pour les lois, documents et proc�s-verbaux. En 1868, l'article 109 de la Constitution interdit formellement l'usage de toute autre langue que l'anglais. Le paragraphe 4 de l'article 12 de l'actuelle Constitution (1974) ne fait aucune allusion ni � l'anglais ni au fran�ais. On ne peut donc consid�rer que la Louisiane proclame de jure l'anglais comme langue officielle, car il ne l'est que dans les faits (de facto).
On peut consulter toutes ces lois officialisant l'anglais dans une seule page en cliquant ICI, s.v.p.
D'autres �tats se pr�parent � adopter une l�gislation visant l'unilinguisme: le Kansas, le Massachusetts, le Michigan, l'Ohio, la Pennsylvanie, le Rhode Island, le Texas, le Wisconsin. Jusqu'ici, seulement quelques �tats ont rejet� de telles mesures, dont le Maryland et l'�tat de Washington.
Du c�t� des lois, de nombreux �tats ont adopt� des mesures concernant la langue de la justice et/ou de l'�ducation afin de promouvoir l'anglais et de garantir sa pr�pond�rance, voire assurer l'exclusivit� � la seule langue anglaise: le Colorado, le Connecticut, l'Idaho, le Maine, le Michigan, le Nevada, le New Hampshire, l'Oklahoma, l'Oregon, le Texas, le Vermont, le Wisconsin
, New York. Les objectifs g�n�raux qui guident les l�gislations am�ricaines peuvent �tre r�sum�es ainsi:(1) Suppression des services de traductions simultan�es dans les h�pitaux.
(2) Suppression des services t�l�phoniques d'urgence en espagnol.
(3) Impression des bulletins de vote en anglais seulement.
(4) Suppression de l'espagnol comme langue pouvant �tre utilis�e dans les tribunaux et autres services publics.
(5) Suppression des services de scolarisation bilingue et tout ce qui les accompagne.
(6) Suppression des stations de radio et de t�l�vision diffusant dans des langues autres que l'anglais.
(7) �limination des ouvrages en langue �trang�re des biblioth�ques publiques.
(8) Information t�l�phonique et annuaires disponibles en anglais seulement.
(9) �limination des �criteaux, panneaux d'affichages et signaux r�dig�s en espagnol.
(10) Informations touristiques disponibles en anglais seulement.
(11) Publicit� en anglais seulement.
(12) �limination des informations publi�es en espagnol sur les logements subventionn�s par l'�tat.
Attention, il s’agit l� de mesures d�coulant g�n�ralement des organismes relevant du champ de juridiction d’un �tat (et des municipalit�s), non des entreprises priv�es... � la condition que celles-ci ne b�n�ficient pas de subventions gouvernementales. De plus, en g�n�ral, ces d�clarations d'officialisation de l'anglais ont �t� interpr�t�es comme ayant surtout un effet symbolique et comme n'interdisant pas compl�tement l'usage d'autres langues dans le fonctionnement des instances et services de l'�tat.
Par exemple, lorsque des bureaux touristiques, des biblioth�ques ou des publicitaires appartiennent � des entreprises priv�es, ils ne sont g�n�ralement pas assujettis � toutes les restrictions concernant la l�gislation linguistique d’un �tat officiellement unilingue; mais dans l’�ventualit� o� un organisme priv� r�clame des subventions de l’�tat, il risque d’�tre soumis � l’unilinguisme officiel de cet �tat.
Cela dit, l’�tat concern� esp�re � tout le moins que sa l�gislation
linguistique aura un effet d’entra�nement sur les entreprises am�ricaines, et c’est
le cas! Quoi qu’il en soit, cet unilinguisme officiel implique g�n�ralement que l’�tat doit prendre toutes les
dispositions n�cessaires pour que soit maintenu et valoris� le r�le de la langue
anglaise en tant que langue commune, que les fonds public ne servent jamais � favoriser
toute autre langue, que tout citoyen peut obliger l'�tat � appliquer les dispositions
relatives � l’unilinguisme et que les tribunaux auront juridiction pour entendre les
causes ayant pour objet l'application des dispositions de la loi.
Le mouvement d'unilinguisme anglais qui s'�tend � travers les �tats-Unis ne fait pas n�cessairement l'unanimit�. S'il est appuy� par US English et English Only, il soul�ve une vive opposition de la part de l'organisation English Plus ainsi que chez de nombreux hispanophones r�publicains, �lus municipaux et dirigeants d'entreprises. Ceux-ci per�oivent le mouvement US English (et English Only) comme une attaque contre la d�mocratie et visant � rendre ill�gales toutes les langues autres que l'anglais. D'une part, les d�fenseurs du mouvement English Plus disent promouvoir les richesses des diff�rentes cultures, d'autre part, ils veulent paradoxalement appuyer tout projet de loi visant � renforcer la connaissance de l'anglais chez tous les citoyens am�ricains. N�anmoins, il ne faut pas mettre dans le m�me panier English Plus et les autres organismes, car English Plus reste l'un des rares organismes � appuyer le multilinguisme aux �tats-Unis. Jusqu'ici, seuls les �tats du Rhode Island (1992), du Nouveau-Mexique (1989), de l'Oregon (1989) et de Washington (1989) ont pr�f�r� la politique d'English Plus.
En r�alit�, toutes les politiques linguistiques aux �tats-Unis ont comme objectif l'int�gration des minorit�s, non leur conservation, ainsi que l'unit� nationale. Ces principes sont exprim�s de fa�on non �quivoque dans cette d�claration d'US English:
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Il est infiniment plus difficile, co�teux et dangereux pour l'unit� de conduire un grand �tat moderne dans une multitude de langues que de le conduire en une seule; il est incroyablement born� de laisser notre unit� de langue s'effriter. |
D'ailleurs, le groupe US English ne laisse aucun doute sur ses v�ritables intentions dans son site Web disponible sur Internet. De fa�on g�n�rale, les politiques linguistiques am�ricaines se r�v�lent limit�es � l'enseignement bilingue et aux services essentiels (quand on ne peut pas faire autrement) offerts � la population immigrante. Il ne s'agit aucunement de politiques globales ou de projets de soci�t�, mais d'une attitude pragmatique destin�e � temporiser et � faire patienter les minorit�s, en attendant de les int�grer ou les assimiler � la soci�t� am�ricaine. D'ailleurs, la plupart des dispositions sont formul�es de telle sorte qu'elles ne doivent jamais remettre en question la pr�s�ance de l'anglais. Ainsi, sauf exceptions, les politiques linguistiques am�ricaines correspondent bien � l'�tat unitaire comme mod�le de r�f�rence.
De fa�on g�n�rale, les politiques linguistiques am�ricaines se r�v�lent limit�es � l'�ducation bilingue et aux services essentiels (quand on ne peut pas faire autrement) offerts � la population immigrante. Il ne s'agit aucunement de politiques globales ou de projets de soci�t�, mais d'une attitude pragmatique destin�e temporiser et faire patienter les minorit�s, en attendant de les int�grer ou les assimiler la soci�t� am�ricaine. D'ailleurs, la plupart des dispositions l�gislatives sont formul�es de telle sorte qu'elles ne doivent jamais remettre en question la pr�s�ance de l'anglais.
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(1) Les �tats-Unis d'Am�rique: situation g�n�rale |
(2) La politique linguistique f�d�rale |
(3) Les �tats am�ricains: pr�sentation g�n�rale |
(4) Liste des �tats am�ricains disponibles |
(5) Bibliographie |
